Ce n’est pas parce qu’on manque d’argent ou que les budgets sont serrés comme un café georges-cloonesque qu’il faudrait oublier son électorat ! Certes, les prochaines élections sont lointaines mais lorsque les cotes de popularité dégringolent, nécessité fait loi. Et c’est ainsi que la distribution d’argent des autres continue de plus-belle en Macronie.
Bien sûr, dans le cas qui nous occupe, on ne pourra pas reprocher au Président de ne pas tenir ses promesses de campagne, aussi spontanément idiotes soient-elles. On se souvient en effet qu’en janvier dernier, alors que les prétendants faisaient le tour du pays et enchaînaient frénétiquement les échanges de microbes palmaires avec la populace à tondre, Emmanuel Macron avait jugé pertinent de proposer de distribuer 500 euros pour chaque jeune atteignant les 18 ans, afin de lui donner un pouvoir d’achat pour des livres, de la musique, des entrées de musée ou que sais-je du même acabit. En cela, Macron semblait recopier l’initiative du président du conseil italien Matteo Renzi qui propose dans son pays sensiblement la même chose et dans les mêmes conditions.
Et en Italie, le résultat est sans appel : c’est un succès puisque 290 millions d’euros de fonds publics ont été claqués autrement qu’en petits-fours. Sachons vivre. La France restant la France, toute l’idée consistera à atteindre voire, si possible, dépasser ce niveau de dépense.
Et comme il s’agit d’ouvrir à fond les sprinklers à pognon, il n’y a pas de temps à perdre ; la cote de popularité du président n’attendra pas beaucoup plus longtemps. Il faut donc agir vite, 2018 semble l’année rêvée pour ce genre de dépenses et tant pis si la façon de procéder est hâtive voire floue et qu’on peine à voir l’intérêt pratique de la mesure ainsi que ses retombées autres que purement politiques.
Difficile en effet de voir pourquoi ces 500 euros doivent être dirigés vers la culture et pas le sport (qui entretient la santé dont la collectivisation nous coûte si cher, n’est-ce pas), les voyages (qui forment la jeunesse et permettent d’ouvrir ses horizons), le logement (parce que c’est bien beau d’avoir des livres et des disques neufs, ce n’est guère pratique lorsqu’on est SDF) ou tout simplement la nourriture (avec son indispensable quota de fruits, de légumes et de pas trop sucré, pas trop salé et pas trop fun non plus).
Apparemment, le « jeune », cette catégorie de futur-électeur si difficile à capter, doit être régulièrement arrosé comme les plantes vertes et les sénateurs. C’est sans doute ce qui explique la régularité avec laquelle on l’asperge des largesses institutionnelles puisqu’alors même que ce « Pass Culture » indéfini et déjà coûteux n’est pas encore en place, on voit déjà se pointer de nouvelles aides comme pour le déplacement d’une académie à l’autre (1000 euros tout de même) ou pour l’insertion professionnelle (de 100 à 550 euros là encore).