En vous promenant du coté du Champ-de-Mars à Paris, vers son extrémité coté École militaire, vous trouvez un amas d’acier inox et de verre qui vous fera sans doute penser à l’architecture austère des gares TGV de province construites pendant les années 90. Quelle est donc cette drôlerie posée ainsi en vrac, en plein cœur symbolique de la capitale ? Et bien il s’agit du « fameux » Mur pour la paix.
Ah ! La paix ! L’effigie de notre modernité démocratique. Porteur des valeurs des « droits de l’homme » et plein d’« universalité » – c’est là sa définition officielle –, le monument est recouvert du mot « paix » écrit en 49 langues. Sa présence fait cependant l’objet de nombreuses controverses depuis sa mise en place en 2000. En effet, le mur nuirait à la perspective Champ-de-Mars-Tour Eiffel-Trocadéro. Des associations de riverains ont monté des actions en justice et des pétitions, avec à leur tête Rachida Dati [1], qui ferait vraiment n’importe quoi pour faire parler d’elle dans les milieux politiques à Paris.
Il faut savoir que le mur était censé rester trois mois. Mais, par un mystère administratif total, le voila toujours fièrement dressé, treize ans plus tard ! Une situation si aberrante qu’un ouvrage lui a été dédiée, en 2008 [2]. On y parle du mur comme d’un « ovni juridique ».
Mais qui donc a construit ce truc et pourquoi est-il toujours en place ? Il s’agit en fait de l’œuvre de Jean-Michel Wilmotte et surtout de Clara Halter, cette dernière étant soutenue par son mari, l’inénarrable Aaron « Marek » Halter.
Pour ceux qui ne connaissent pas ce fameux écrivain, très reconnu visiblement puisqu’il a accueilli de nombreuses personnalités, dont le premier ministre Jean-Marc Ayrault (!) chez lui [3] pour le nouvel an juif en septembre dernier, Marek Halter est réputé pour son goût prononcé pour l’affabulation. Ses coups d’éclats médiatiques et ses mensonges pittoresques, allant de sa jeunesse dans le ghetto de Varsovie (à des dates auxquelles le ghetto n’existait pas) jusqu’à ses rencontres secrètes avec Jean-Paul II et Arafat, que tout le monde assure être purement fictives, défraient la chronique depuis des décennies [4].
Si le mur est présenté comme « universel », il faut savoir, des mots de sa créatrice elle-même et de sa description officielle, qu’il a été « inspiré du mur des Lamentations ». Oui, le fameux mur supportant l’esplanade du Temple de Salomon, ce lieu saint israélite, près duquel, notons-le, on exécute parfois des cérémonies d’hommage aux soldats de Tsahal tombés au combat [5].
Voila qui explique pourquoi les fréquents actes de vandalisme que subit l’œuvre, expression rigoureusement habituelle de la délinquance urbaine dont nos élites se moquent en général tout à fait, sont qualifiés d’« actes racistes » par les organisations de défense du mur et des hautes personnalités politiques.
Entre ces dégradations qui « lui ont déjà couté au moins 27 000 euros » et les démarches judiciaires voulant le faire disparaitre, Marek Halter connait bien des difficultés pour conserver son mur Shalom. Heureusement il peut compter sur le soutien officiel d’un grand nombre de personnalités communautaires et politiques, dont la liste est très, vraiment très éloquente [6].
En résumé, on a donc affaire à une œuvre « universelle » faite par des juifs, inspirée par un monument sacré juif et soutenu par des personnalités juives. Aux coté de nombreux membres du gouvernement, dans la liste de soutien, on trouve Vincent Peillon en personne. Une question nous vient alors : Monsieur Peillon, quid de votre fameuse laïcité ?
Peut-être que le Champ-de-Mars, ce cœur symbolique de la France, fait figure d’exception. On se souviendra de la célébration d’Hanoucca en décembre dernier [7]. À cette occasion, le champ de Mars avait été illuminé par un gigantesque chandelier à neuf branches, symbole propre à cette fête célébrant la victoire juive, et donc la survie de leur identité culturelle, contre l’assimilation au IIe siècle avant J.-C...
Mais qu’on ne s’inquiète pas, par ailleurs, tout reste en ordre ! Quand le diocèse de Paris avait voulu organiser une modeste crèche sur les Champs-Élysées, la mairie s’était montrée très réticente, avait d’ailleurs refusé, puis, au final, Bertrand Delanoë avait consenti, en posant fermement ses conditions : il était primordial que l’événement restât discret et certifié laïc [8]. Eh oui ! On ne rigole pas avec les principes de la République !