L’affaire Dreyfus a été un moment crucial tant pour la France que pour le sionisme. Pendant douze longues années, la France a été déchirée par le conflit entre les forces de la République et celles de l’antisémitisme et du nationalisme. C’est aussi à cette époque que le spectacle des masses scandant « Mort aux juifs ! » aurait amené le fondateur du sionisme, Theodor Herzl, à conclure que seule la création d’un foyer national juif pourrait résoudre le problème de l’antisémitisme.
S’il est vrai que l’« Affaire » a été la semence qui a fécondé le champ prospère du nationalisme sioniste, si son existence même est l’expression des forces obscures auxquelles le sionisme se trouvait confronté, il est dès lors légitime de revenir sur cet épisode historique dans une perspective actuelle. L’affaire Dreyfus peut ainsi devenir le miroir d’Israël.
Je me permettrai de l’examiner sous un angle différent. Cela ne veut pas dire que je conteste ou que je rejette la perception courante de l’affaire Dreyfus selon laquelle l’armée française était gravement contaminée par une forme d’antisémitisme virulent, et que ce dernier ne faisait que refléter une haine antijuive elle-même très répandue dans une grande partie de la population française.