Le Figaro, ce n’est un secret pour personne, s’est engagé corps et âme dans la guerre contre la Russie. On peut y voir un alignement sur la doxa otaniste ou tout simplement un terrain de guerre où pourront un jour s’illustrer les Rafale, même si on est dans la guerre des drones contre les blindés, plutôt que dans la guerre aérienne chasse contre chasse.
La dernière apparition du Rafale, probablement mal piloté et mal préparé (histoire de sauver la face ?) s’est terminée au sol au Pakistan, mais sans atterrissage : ça laisse des traces.
« Andreï Mordvitchev a la souplesse d’une barre à mine »,
dixit un haut gradé français
Non, le tournant du Figaro, c’est cet article (payant) du 24 mai 2025, un portrait dithyrambique du nouveau commandant en chef des forces terrestres, « le tombeur de Marioupol et d’Avdiivka ». On a relevé depuis trois ans quantité d’articles antirusses, pro-OTAN et pro-guerre, mais là, on sent déjà comme un parfum de victoire à Moscou, et on s’aligne sur le nouveau vainqueur.
« Vous devriez vous intéresser à Andreï Mordvitchev, c’est la star des généraux russes », confiait le 4 août 2024 un officier supérieur français au Figaro. Près de 10 mois plus tard, le colonel-général – l’équivalent d’un général de corps d’armée en France –, âgé de seulement 49 ans, a été nommé commandant en chef des forces terrestres, la plus grande composante de l’armée russe, toujours commandée par le chef de l’état-major général, Valeri Guerassimov, inamovible depuis 2012. Le 22 mai, le ministre de la Défense, Andreï Belousov, a remis son nouvel étendard à Andreï Nikolaïevitch Mordvitchev, saluant son « talent de chef militaire ». Il « possède la principale compétence d’un commandant : gagner », a précisé le ministre.
Andrei est tout simplement comparé à Joukov, le tombeur de Paulus à Stalingrad grâce à une manœuvre de fixation et d’encerclement parfaite. Il s’illustre aussi un an plus tôt dans la défense de Moscou, décisive, puisqu’on peut y dater la fin de l’offensive allemande et le début de la fin pour Hitler. Ceux qui veulent en savoir plus pourront lire le Barbarossa de Lopez, une tuerie au sens propre et au sens figuré. Un livre de guerre doublé d’un livre d’histoire, avec une dentelle diplomatique à faire pâlir (!) un Barrot ou un Haddad, nos deux andouilles de service à l’extérieur.
Le Figaro, en manque de figures en France, semble tomber amoureux de Mordvitchev :
C’est lui qui a fait tomber Marioupol dans le sud de l’Ukraine après avoir encerclé la ville portuaire puis mené des combats acharnés contre les troupes d’Azov dans la zone industrielle de la cité jusqu’en mai 2022. Alors lieutenant-général, à la tête de la 8e armée, il est devenu du côté russe une idole, d’autant plus que des sources militaires ukrainiennes ont annoncé l’avoir tué le 18 mars lors d’une frappe sur l’aérodrome de Chornobaivka. Dix jours plus tard, son imposante silhouette et son visage glacial apparaissaient à la télévision russe, immortalisant sa rencontre avec le dictateur tchétchène Kadyrov, dont les troupes avaient aidé à la prise de la ville. Le tombeur de Marioupol était ressuscité, de quoi alimenter encore davantage sa légende. Mais du côté ukrainien, l’image est logiquement renversée. Mordvitchev est inséparable des ruines laissées dans le sillage de son armée. Sa méthode ? « La puissance de feu détruit tout devant lui et il exploite derrière », décrit notre source militaire. Et l’officier d’illustrer : « Pour les Russes, c’est un peu le nouveau Joukov, il partage avec lui une détermination et une ténacité farouches. Il a la souplesse d’une barre à mine ».
On doit à Andrei les nouvelles formes d’attaque qui ont fait merveille face au verrou d’Avdiivka : l’utilisation des drones et les petits groupes d’attaques en bécane, oui, en moto. Moreau en parle dans sa mouture du 23 mai 2025. La source militaire qui a parlé en off avec émerveillement du camarade Mordvitchev est cependant craintive : le général a pris du galon, et semble se préparer à autre chose de plus grand.
« Il sera chargé de préparer l’avenir de l’armée russe, autrement dit de préparer la guerre de demain, après l’Ukraine. Que l’état-major se prive dans la conduite des opérations de l’un de leurs meilleurs commandants est très significatif : ils jouent le coup d’après. »
Et là, le quotidien de citer une petite phrase d’Andrei, terrifiante pour la triplette Merz-Starmer-Macron :
Devant la caméra de la chaîne publique russe Rossiya 1, Mordvitchev, interrogé sur la durée de la guerre en Ukraine, avait été catégorique : « Je pense qu’il reste encore beaucoup de temps. Il est inutile de parler d’une période précise. Si nous parlons de l’Europe de l’Est, ce qui sera inévitable, ce sera évidemment plus long ». Et l’intervieweur de surenchérir : « L’Ukraine n’est qu’un tremplin ? » « Oui, absolument. Ce n’est que le début », avait-il répondu, répétant que la guerre « ne s’arrêtera(it) pas là ».
Alors, intoxication des médias occidentaux (en septembre 2023) ou plan de longue haleine, avec une intervention russe – une libération des peuples européens occupés par les globalistes – jusqu’à Brest, mais pas Litovsk ? En attendant la libération, sachez que Merz vient d’autoriser l’alliance antirusse à utiliser toutes les armes possibles en profondeur contre la Russie.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a affirmé que les principaux alliés occidentaux de l’Ukraine, dont l’Allemagne, ne fixaient plus de restrictions sur la portée des armes fournies à Kiev. « Il n’y a plus de limites de portée pour les armes qui ont été livrées à l’Ukraine. Ni par les Britanniques, ni par les Français, ni par nous. Ni par les Américains », a-t-il déclaré, lundi 26 mai, lors d’un entretien à la télévision publique WDR à Berlin. (France Info)
Notez aussi que Mordvitchev et son remplaçant, le colonel-général Valery Solodchuk, ont tous deux été visés par une attaque de missile, mais qu’ils en ont réchappé, au grand dam des Ukrainiens (ou de l’OTAN qui se planque derrière). Et des sources pro-russes, à relativiser, donc, annoncent que l’hélico de Poutine a été visé par une nuée de drones, tous abattus par la défense russe.
On sent que si un jour les chars de Mordvitchev ou de Solodchuk arrivent en Bretagne, Le Figaro saura leur réserver une fête spéciale, avec pods fumigènes aux couleurs de la Russie au cul des Rafale.
On terminera par l’article de la concurrence, Le Monde, qui s’accroche à l’idée d’une défaite russe, mais d’une défaite cachée derrière le discours officiel.
Loin des déclarations triomphalistes de Vladimir Poutine, Aleksei Zhiliaev estime qu’« à peine 20 % des hommes sur le terrain ont été convaincus par les propos du président concernant les Ukrainiens : la plupart se moquent de lui en cachette, persuadés qu’il est plus faible qu’il n’y paraît, et ne comprennent pas vraiment les objectifs de l’opération, ni pourquoi la guerre dure depuis si longtemps ». « On s’enlise dans une guerre de position, poursuit-il. Face à la résistance ukrainienne, nous avançons de quelques kilomètres, mais nous ne parvenons pas à lancer de grande manœuvre. Sur le terrain, on ne voit pas la grande victoire que Poutine nous a promise. »
Le journal des marchés et des lobbies s’appuie sur une seule source, « un déserteur de l’armée russe, ancien informaticien et brancardier en Ukraine » qui a évalué les pertes russes cachées de la guerre d’Ukraine.
Il désigne la clé USB qu’il garde en permanence sur lui : « Trois gigaoctets d’informations top secret. » Informaticien dans la vie civile, mais ayant suivi une formation médicale de trois ans, Aleksei Zhiliaev avait deux rôles dans l’armée : la nuit, il transportait ses camarades tombés au combat, de la ligne de front jusqu’aux hôpitaux ; le jour, il entrait les informations concernant les blessés, dans le système informatique du haut commandement. Il a copié cette base de données avant de déserter et a décidé de la partager avec Le Monde.

La conclusion de cette étude est le fruit d’une extrapolation à partir des données de la source, qui a demandé l’asile politique en France :
Pour estimer le nombre total de blessés sur l’ensemble du front, Aleksei Zhiliaev considère, comme l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau, qu’il faut multiplier les chiffres de cette base par trois. Selon le ministère britannique de la Défense, les pertes russes s’élèvent actuellement à plus de 700 000 blessés et 250 000 morts.
Ces chiffres sur la défaite russe viennent effectivement de Grande-Bretagne :