Alors que le 50e anniversaire de la mort de Le Corbusier sera célébré par une gigantesque exposition au Centre George Pompidou à partir du 29 avril, de nouvelles révélations sortent sur le passé « antisémite » de celui qui est généralement considéré comme le plus grand architecte français de XXème siècle.
Connu comme le réalisateur, entre autres, de la Villa Savoye (Poissy) et comme l’inventeur de l’ « unité d’habitation », un concept matérialisé au début des années 1950 avec la Cité radieuse de Marseille (surnommée « La Maison du fada »), Charles-Édouard Jeanneret-Gris, de son vrai nom, né en 1887, avait reçu l’éloge d’André Malraux lors de son décès en 1965. Depuis lors, Le Corbusier était considéré comme intouchable.
Mais depuis une dizaine d’année, des recherches ont révélé son positionnement politique dans l’entre-deux-guerres, puis ses liens avec Vichy, qu’il a rejoint dès juin 1940. Sympathisant d’extrême droite dans les années 1920 et 1930, il rencontre le Maréchal Pétain le 27 mars 1941 avant de rejoindre Paris en juillet 1942, frustré que son plan d’urbanisme pour Alger ait été rejeté. Dans la capitale, il sera jusqu’en avril 1944 conseiller technique à la fondation du docteur Alexis Carrel, théoricien de l’eugénisme et membre du Parti populaire français de Jacques Doriot.
Récemment exhumée, sa correspondance donne un nouvel éclairage sur les opinions de Le Corbusier pendant « les heures les plus sombres de notre histoire ». Xavier de Jarcy, journaliste à Télérama, s’en fait l’écho dans un ouvrage à paraître le 9 avril prochain chez Albin Michel : Le Corbusier, un fascisme français. Florilège.
À propos du 6 février 1934 :
« Le réveil de la propreté. »
Sur le fascisme italien :
« Le spectacle offert actuellement par l’Italie, l’état de ses capacités spirituelles, annonce l’aube imminente de l’esprit moderne. »
La débâcle de juin 1940 :
« La miraculeuse victoire française. Si nous avions vaincu par les armes, la pourriture triomphait, plus rien de propre n’aurait jamais plus pu prétendre à vivre. »
Ou encore :
« Il s’est fait un vrai miracle avec Pétain. Tout aurait pu s’écrouler, s’anéantir dans l’anarchie. Tout est sauvé et l’action est dans le pays. »
Sur les juifs, il écrit, dès les années 1920 :
« Le petit Juif sera bien un jour dominé. Je dis petit Juif, parce qu’ici ils commandent, ils pétaradent et font la roue et que leurs papas ont à peu près absorbé toute l’industrie locale… »
En 1940, cela donne :
« L’argent, les Juifs (en partie responsables), la franc-maçonnerie, tout subira la loi juste. Ces forteresses honteuses seront démantelées. Elles dominaient tout. »
À propos d’Adolf Hitler :
« Nous sommes entre les mains d’un vainqueur et son attitude pourrait être écrasante. Si le marché est sincère, Hitler peut couronner sa vie par une œuvre grandiose : l’aménagement de l’Europe. »
Au milieu des années 1920, Le Corbusier avait également caricaturé le marchand d’art Léonce Rosenberg (oncle d’Anne Sinclair) :