« Pour la pédagogie, il y a les films et les livres, déclare Louis-Georges Tin, le président du Cran, à Libération. Les rues ne sont pas faites pour rappeler l’histoire mais pour célébrer des héros. Or, comme nous le disons souvent, “vos héros sont nos bourreaux”. Il faut donc débaptiser ces rues et leur donner le nom des artisans de la lutte contre l’esclavage, blancs ou noirs. »
Dans les villes françaises naguère dopées par le commerce triangulaire, pas question pour le moment de changer les plaques. « Aucune modification n’est prévue car cela impliquerait au préalable un travail de recherche conséquent », fait savoir la mairie (LR) de Bordeaux, interpellée sur le sujet depuis 2009 par Mémoires & Partages. De son côté, Nantes « ne souhaite pas modifier les noms de rues, précisément parce que cela fait partie de l’histoire et du patrimoine de la ville, aussi funestes soient-ils ». La mairie souligne qu’elle a œuvré pour créer de « nombreux lieux de mémoire et le programme d’animation en lien avec la commémoration de l’abolition de l’esclavage ».
« Très gênant »
Au Havre, dont l’ancien maire Antoine Rufenacht avait discuté d’une possible révision de « la signalétique urbaine » avec l’association bordelaise, la municipalité préfère aujourd’hui « travailler sur le fond avec les écoles, les collèges et les universités, pas sur les symboles, indique à Libération le premier adjoint (LR) Jean-Baptiste Gastinne. Le travail culturel et éducatif de fond nous paraît plus porteur que d’agir sur les plaques de rue… » L’élu ajoute qu’un changement de nom « serait très gênant pour les gens qui habitent dans les rues concernées ». À La Rochelle, le maire Jean-François Fountaine (divers gauche) assume ce morceau d’histoire : « Ne tournons pas autour du pot, à l’époque, les richesses de la ville venaient du commerce triangulaire. » Son projet : « mettre en valeur celles et ceux qui se sont battus contre l’esclavage sous toutes ses formes. Nous avons inauguré récemment une statue de Toussaint Louverture ». Ce descendant d’esclaves, un des pères de l’indépendance d’Haïti, fut emprisonné en France où il mourut peu avant que son rêve triomphe en 1804 et que l’île aux esclaves devienne une île des hommes libres.
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Pourquoi la traque des esclavagistes pourrait tourner court...
En 2006, réagissant au discours de Jacques Chirac prononcé à l’Élysée en l’honneur du Comité pour la mémoire de l’esclavage, Serge de Beketch rappelle quelques vérités sur l’esclavage et livre une liste de noms de bateaux et armateurs négriers assez éloquente :