Le Earth Overshoot Day, ou "jour du dépassement", tombe cette année le 13 août, soit 6 jours plus tôt qu’en 2014.
À partir de jeudi, la population planétaire commence donc à utiliser les ressources naturelles des générations futures, ayant déjà consommé tout ce que la planète est capable de produire en un an et pollué plus que ce que la Terre peut absorber. La date du Earth Overshoot Day, un concept imaginé initialement au sein du think tank britannique New Economics Foundation, est recalculée tous les ans par le think tank international Global Footprint Network, auquel s’est associé le premier en 2006. Et elle ne cesse, ces dernières années, d’avancer.
Comme le rappelle le Global Footprint Network sur son site internet, le jour du dépassement était encore situé en octobre en 2006, quand la première campagne du même nom a été lancée pour sensibiliser les décideurs mondiaux et la population. En moins de 10 ans, cette date symbolique a avancé d’environ deux mois.
"Même si le jour du dépassement ne représente qu’une estimation des tendances de consommation des ressources, il constitue la meilleure approximation scientifique de l’écart entre notre demande en ressources et services écologiques et la capacité de notre planète à les fournir", précisait en 2013 le think tank.
Dès jeudi, l’empreinte écologique de l’humanité aura dépassé, après environ 7 mois et demi, la capacité de la planète à reconstituer les ressources et absorber les déchets, sur base annuelle. Les "déchets" comprennent le CO2 produit par les activités humaines, en telles quantités que la nature ne peut plus l’absorber à un rythme équivalent, ce qui résulte en une accumulation de ce gaz à effet de serre dans l’atmosphère qui joue un rôle important dans le réchauffement climatique.
L’avance du jour du dépassement s’est surtout accélérée de manière très inquiétante depuis les années 2000, mais la problématique n’est pas neuve : la planète est passée en "déficit écologique" dans les années 70. Le calcul se fonde sur la différence entre l’empreinte écologique et la biocapacité d’un même territoire. Les terres, les mers, les forêts, ou encore les zones de culture du territoire contribuent à sa biocapacité, puisqu’elles permettent de produire des ressources. L’empreinte écologique comprend quant à elle notamment la demande totale de la population en nourriture issue des plantes, de l’élevage, ou de la pêche, la consommation de bois, le besoin d’espace pour les infrastructures urbaines, ainsi que la surface boisée nécessaire pour absorber tout le CO2 produit par les énergies fossiles.
Empreinte écologique et biocapacité d’un espace donné sont exprimés en "hectares globaux", soit des hectares (10 000 mètres carrés) dont on considère que la capacité (de production de ressources et d’absorption de déchets) correspond à la moyenne mondiale.
Pour le Earth Overshoot Day, l’ensemble de la planète est pris en compte, mais des calculs sont également faits par pays. Certains consomment depuis bien longtemps plus que ce qu’ils "ont", vivant essentiellement des ressources naturelles de l’étranger. C’est le cas de la Belgique, avec son territoire relativement petit et très densément peuplé. Depuis 1961, première année prise en compte par le Global Footprint Network, l’empreinte écologique du Belge est généralement située entre 5 et 6 hectares globaux par personne, alors que la biocapacité du pays tourne autour de 1 hectare global par personne.
Le "overshoot day" national pour la Belgique est le 13 mars. Le jour de dépassement le plus avancé est celui de Singapour, qui a déjà "épuisé" théoriquement ses propres ressources dès le 2 janvier de l’année, selon les chiffres 2015.
Certains pays européens, comme par exemple la Suède, ont un rapport inversé entre empreinte écologique et biocapacité, le pays offrant plus de ressources que ce qu’il ne consomme.