« C’est une véritable catastrophe les croisades ; ça n’a mené à rien. » : L’intérêt de livrer une telle conclusion après avoir souligné l’importance des croisades entre 1095 et 1291, m’échappe. Évaluer l’épopée des croisades à l’aune de leur capacité à s’emparer de Jérusalem, est une faute de raisonnement.
Les croisades furent concomitamment une entreprise religieuse, politique, économique, et militaire, qui engendra non seulement une littérature prolifique qui fait encore rayonner la France, mais également une modélisation du combat pour la chevalerie. La glorification de la figure du croisé dans les arts a permis à l’imaginaire populaire d’embrasser les vertus nobiliaires : cette convergence, cette réconciliation des ordres autour d’une culture de la guerre sainte fut au fondement de la définition de la masculinité blanche. Parce qu’elles ont contribué à l’édification de l’idéal masculin, les croisades constituèrent un acte fondateur de l’anthropologie européenne.
La France étant fille aînée de l’Église, qu’avait-elle besoin de sortir de ses frontières, d’organiser des expéditions lointaines, alors qu’elle jouissait de cette prééminence depuis le VII ème siècle ? Les croisades furent ce moment d’intersection de l’histoire où la royauté française se mit à associer sa mission divine avec un dépassement ontologique du concept de frontière. L’Autre et l’ailleurs devaient être chrétiens par les armes : l’universalisme français était né. La chrétienté enseigna la charité ; les croisades instituèrent, à travers la nécessité du Salut pour l’altérité, l’invention grandiose de l’universalisme français.
Dès lors, les croisades sont à envisager, non comme une catastrophe n’ayant mené à rien, mais comme un cataclysme fondateur de l’anthropologie blanche. Les croisades sont, il me semble, le balbutiement inaugural du mondialisme. Et la seule civilisation capable de rivaliser de hauteur de vues, de prosélytisme et d’universalisme avec l’épistémè des croisades est la civilisation turco-arabo musulmane, même si cela heurte le chauvinisme de certains.
« Y a pas grand chose à croire dans l’islam » : Même pas les règles d’hygiène et d’aseptie qui ont permis aux Arabes de réaliser la première dissection des corps, ancêtre de la chirurgie, pendant que l’Homme Blanc en était encore à la saignée des corps jusqu’à ce qu’anémie et mort s’en suivent ? Même pas l’iconoclasme qui rapproche l’islam de l’orthodoxie catholique, dont monsieur Guyénot est néophyte inattendu ?