Le 20 octobre dernier, L’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) organisait à Genève une table ronde intitulée Est-ce que les politiciens européens peuvent résoudre la crise migratoire ?
Parmi les intervenants, il y avait notamment Karel Schwarzenberg, ancien ministre tchèque des Affaires étrangères, José Manuel Barroso, ancien président de la Commission européenne, et Norbert Hofer, candidat à l’élection présidentielle en Autriche en 2016.
Une partie des étudiants, proche de l’idéologie « No Borders », a protesté contre la présence de Norbert Hofer, l’accusant de faire preuve d’insensibilité envers les réfugiés, accueillis pourtant de façon massive en Autriche. José Manuel Barroso, actuellement employé par la banque d’affaires Goldman Sachs, n’a pas hésité à railler la proposition de Norbert Hofer relative à la création de zones sécurisées pour les réfugiés en Afrique du Nord. Dans une comparaison plus que douteuse, l’ancien Commissaire européen a affirmé que ça lui rappelait les « camps de concentration ». Une fois de plus, José Manuel Barroso a appelé les États européens à plus de solidarité envers les réfugiés, en particulier les pays d’Europe centrale.
Alors que l’hostilité des étudiants était concentrée sur Norbert Hofer, qui n’a joué aucun rôle dans la déstabilisation du Moyen-Orient, il nous a semblé correct d’interpeller l’ancien homme politique portugais de sensibilité atlantiste sur son soutien à George W. Bush. Alors qu’il était Premier ministre du Portugal, il avait organisé un sommet aux Açores en accueillant Bush, Blair et Aznar, quelques jours avant l’agression illégale de l’Irak en 2003.
Voici la traduction à partir de l’anglais de l’échange avec José Manuel Barroso :
Alimuddin Usmani : J’ai une question pour Monsieur Barroso. Monsieur Barroso vous avez soutenu l’invasion de Irak. Vous avez soutenu George W. Bush. Cette invasion de l’Irak a créé du chaos et elle est également responsable de la crise migratoire. Dites-nous si vous vous excusez d’avoir soutenu George W. Bush ?
José Manuel Barroso : Cela ne concerne pas vraiment le sujet qui nous occupe aujourd’hui mais je suis très heureux de pouvoir répondre à cette question sur l’Irak. Ce qui s’est passé faisait partie d’un problème très compliqué. À l’époque, il n’y avait pas que le président Bush, il y avait tout le système américain, de Bill Clinton à Hillary Clinton en passant par les deux partis, qui avait passé un accord pour renverser Saddam Hussein. En Europe, il y avait une discussion par rapport à cela, certains pays étaient opposés à une intervention tandis que de nombreux autres y étaient favorables. De la Grande-Bretagne travailliste de Tony Blair en passant par l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas ou bien la République tchèque de Václav Havel, et ainsi de suite. Ma position à l’époque était la suivante : « Nous ne voulons pas de guerre, le Portugal n’entrera pas en guerre ». Le Portugal n’a pas envoyé de forces pour cette guerre mais s’il devait y avoir une guerre entre la grande démocratie américaine, notre amie et alliée au sein de l’OTAN, et une dictature telle que celle de Saddam Hussein, nous ne pouvions pas rester neutre et nous allions soutenir les États-Unis d’Amérique.
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L’intégralité du débat (en anglais) et l’intervention de lapravda.ch à l’encontre de José Manuel Barroso à partir de 1’06’50 :