La comique lesbienne Muriel Robin a repris son combat contre les hommes violents et pour les femmes agressées. Pour elle, 75 ou 130 femmes qui meurent chaque année sous les coups de leur conjoint, c’est trop.
Pour nous aussi, mais les enfants qui meurent sous les coups de leurs parents, les jeunes qui meurent pour de la came, les joggeuses assassinées par des tueurs en série, les pédophiles qui achètent des enfants par GPA et qui les font tourner avant de les jeter à la rue, drogués, détruits, c’est trop aussi.
Tout est trop, la mort est de trop. Mais voilà, la mort s’en fout, la mort est là, elle est partout, elle guette et ne fait pas de distinction entre les hommes, les femmes, les Noirs les Blancs, les jeunes les vieux, la mort est égalitaire, la mort n’est ni raciste ni sexiste ni antisémite. La mort prend quand elle veut qui elle veut de la manière qu’elle veut.
Muriel Robin a beau manifester contre la violence de certains hommes contre certaines femmes, et oublier la violence de certaines femmes contre certains hommes, violence morale perfide qui mène à la dépression, à l’alcoolisme et au suicide, rien n’y fera : il y aura toujours des salauds et des salopes, des assassins et des victimes, des cons et des connes.
Sociétal contre Social, épisode 2 saison 3
La nouveauté, c’est que Robin s’est retrouvée avec ses femmes en lutte au beau milieu d’une manif de Gilets jaunes et on a eu droit à un affrontement symbolique entre le social et le sociétal. Les uns sexualisent la lutte sociale, les autres la désexualisent.
Muriel, toute riche et bourgeoise qu’elle est, ne voit pas la souffrance sociale des Gilets jaunes, et parmi eux, des femmes Gilets jaunes, et pas forcément femmes de Gilets jaunes. Car beaucoup de femmes, de mères de familles, se sont portées volontaires dès les premiers jours de novembre 2018 sur les ronds-points, réussissant le tour de force d’assurer des gardes (de jour plutôt) sur les péages et ronds-points et d’entretenir la nichée à la maison tout en allant au travail.
Ce sont elles les femmes en lutte, loin du showbiz et de ses lubies. Quand on pense qu’une Jane Birkin allait faire son marché humanitaire de souffrance au Viêt Nam, alors que la souffrance lui tendait les bras à Paris, sous sa fenêtre, entre les SDF et les camés, les enfants battus ou violés qui zonent, les mômes camés et prostitués...
Naturellement, Muriel Robin, toute showbiz et toute lesbienne qu’elle est, n’est pas un monstre d’insensibilité. Il lui manque juste la lucidité politique nécessaire pour élever sa conscience et voir le schéma plus large, celui d’une lutte sociale qui ne fait pas dans les oppositions factices hommes/femmes, jeunes/vieux, mais plutôt dans la coupure élite/peuple, profiteurs/travailleurs, les vraies lignes de faille. Muriel verrait alors cela et inclurait ces femmes-là dans son combat qui semble sincère :
Conclusion : si elle fait moins de morts et est moins spectaculaire, la violence oligarchique qui paupérise les Français par millions, hommes et femmes ensemble, est mille fois plus forte que la violence des salopards qui cognent et parfois tuent leur femme. Il se peut même que la violence sociale soit à l’origine de la violence sociétale...