« J’irai, moi-même, me battre en Syrie » ! Voici donc le terrain essentiel de la Résistance pour le premier des résistants, M. Hassan Nasrallah [1], et pour tous ceux qui suivent sa voie : la victoire en Syrie est une victoire sur Israël.
Ce combat, Israël ne le comprend pas autrement. Son ministre de la « Guerre », M. Moshe Ya’alon, n’a-t-il pas publiquement déclaré au général et chef d’état major de l’armée des États-Unis, Martin Dempsey, qu’il n’était pas question de permettre à « l’axe du mal » [2] s’étendant de Téhéran à Damas et Beyrouth de remporter la victoire dans la guerre qui se déroule en Syrie !?
C’est dans ce but que Riyad s’est rapprochée encore plus de Tel-Aviv que de Washington. Laquelle Washington craindrait que la Syrie ne devienne un nouvel Afghanistan, d’où son « indécision » persistante en plus de son manque de réalisme qui fait qu’elle refuse d’accepter le nouvel équilibre international des pouvoirs ; contexte qui a autorisé Bandar bin Sultan à ourdir une équation liant les intérêts saoudiens et israéliens, équation basée justement sur l’afghanisation des pays du Levant.
Disant cela, il ne s’agit pas d’exonérer les États-Unis de leur responsabilité dans la guerre qui dévaste nos pays, mais plutôt de rappeler à tous « les modérés » qui envisagent de coopérer avec eux qu’ils n’ont à leur offrir que « la solution de Bandar », et que Bandar n’a à offrir que sa guerre confessionnelle nourrie d’attentats aux explosifs, de carnages et de captives destinées à satisfaire tous les plaisirs [3]. Car ni les USA ne sont capables de frapper l’Iran, ni Israël n’est capable de briser le Hezbollah, ni la prétendue opposition armée n’est capable de briser l’État syrien.
Par conséquent, il ne reste plus à la coalition israélo-saoudienne qu’à détruire tous les pays du Levant en fomentant des guerres sectaires, en éreintant l’Iran qu’elle espère isoler de ses alliés vitaux, et en travaillant autant que faire se peut à bloquer l’ascension de la Russie parmi les nations.
Le nouvel attentat criminel dans la banlieue Sud de Beyrouth [4] est certes douloureux et présage de tous les dangers, mais cette banlieue ainsi que tout le Liban ne sont que le prolongement de la guerre globale et aussi criminelle menée aujourd’hui par Bandar contre la Syrie et l’Irak ; une guerre mettant à profit la libération des pires instincts de terroristes takfiristes pour massacrer les civils chiites, alaouites, chrétiens, druzes… et aussi tous les sunnites considérés comme des « incultes » à partir du moment où ils refusent de se plier à leur logique de djihad confessionnel.
La réponse de M. Nasrallah est claire : refuser les appels à la discorde confessionnelle entre les libanais, but ultime de la campagne saoudienne ; éloigner les takfiristes de la scène politique en se fondant sur les valeurs universelles de la citoyenneté et de l’humanité ; et surtout, ce qui est l’essence même de son discours, relever le défi face à « la guerre Ya’alon-Bandar » [5]. Ni les Israéliens n’entreront par le sud, ni les Takfiristes n’entreront par le nord !
Nahed Hattar, écrivain et journaliste jordanien résidant à Amman.
Article original : Al-Akhbar [publié aussi sur New Orient News]
Traduction de l’arabe : Mouna Alno-Nakhal