La stratégie du clash et le clivage peuple/élite sont-ils à l’origine de la défaite de La France insoumise ? C’est l’avis de la pseudo-communiste passée chez La France insoumise Clémentine Autain, la bourgeoise qui tire les leçons du mauvais score de 6,3% de la liste de Manon Aubry aux élections européennes du 27 mai 2019.
« Nos électeurs n’ont pas disparu dans la nature mais ils ont été désarçonnés ou mécontents de la proposition politique qu’on leur a faite depuis la présidentielle »
Pourquoi pseudo-communiste ? Jugez sur pièces :
Autain s’épanche dans L’Obs qui se frotte les mains : la lutte des classes, c’est fini ! Il faut construire des « passerelles », non des « murs », exige Clémentine qui ne va pas jusqu’à critiquer le mur israélien (facile). De l’amour, pas de la haine, sous-entendu comme le RN.
« L’état d’esprit polémique et clivant a sans doute pris le dessus sur la mise en avant de notre vision du monde et de nos propositions. Or notre famille politique prospère quand elle s’appuie sur le ressort de l’espérance et non sur celui de la haine. »
Or le RN a gagné, et le RN, malgré la rime, ne rime pas avec haine. C’est juste un vote populaire, à la base, on le souligne, parce qu’en haut ça l’est de moins en moins. Mais ça reste l’offre politique la moins im-populaire.
« L’heure est grave ! »
Tristesse et colère. Il est minuit moins deux. Le pire serait de continuer comme avant. #Electionseuropeenne2019 pic.twitter.com/iwYXF53ZSh
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) 26 mai 2019
Aussitôt, la gauchiste a été invitée sur Inter (sans France devant) :
Pour @Clem_Autain députée LFI de Seine-Saint-Denis, le résultat de la France Insoumise aux #Européennes2019 est "un problème de ligne"#le79Inter @LeaSalame #VotreEurope pic.twitter.com/8X8qx7hUgQ
— France Inter (@franceinter) 28 mai 2019
Sautant sur l’occasion, Le Monde analyse la contre-performance de LFi par le biais du petit trotskiste de service Abel Mestre, l’homme qui dénonce le fascisme partout où ses intérêts de classe ont intérêt à le trouver. Logique : un mouvement populiste de gauche ne peut trouver grâce aux yeux de la bourgeoisie de gauche, de la caste culturelle régnante. Le peuple, non merci ! Les jeunes qui pleurnichent pour le climat, les vegans qui emmerdent les bouchers, les féministes qui dénoncent les hommes blancs de la télé, oui, mais le peuple, les ouvriers, les pue-la-sueur, non !
« Pendant un temps, les stratèges insoumis pensaient que le mouvement des Gilets jaunes finirait par leur profiter. Selon eux, le mouvement horizontal et apartisan était la confirmation de leurs prédictions et de leurs idées autour du changement des institutions, du rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ou encore de l’augmentation des salaires. Ils y voyaient aussi la confirmation de leurs méthodes populistes, qui entendent dépasser la gauche pour “fédérer le peuple”. Autant d’idées déjà présentes dans le livre de Jean-Luc Mélenchon L’Ere du peuple (Fayard, 2014) et lors de la campagne présidentielle de 2017. La pensée insoumise aurait donc infusé dans la population. Difficile de dire quelle proportion de Gilets jaunes a voté pour la liste de Manon Aubry, mais cela n’a pas permis un regain de mobilisation en faveur des mélenchonistes. » (Le Monde)
Le clivage peuple/élite, c’est la source de l’antisionisme
Ce qui ne laisse pas d’étonner, c’est l’erreur d’analyse fondamentale qui caractérise L’Obs et Le Monde : mais cette erreur est politiquement logique. Les deux titres de presse libérale-libertaire oublient le péché originel du parti de Mélenchon qui, sous la demande expresse du CRIF et des loges maçonniques, a écarté ses éléments populistes ou, disons-le tout net, antisionistes. Non, soyons plus précis : non sionistes. C’est-à-dire véritablement nationalistes, et nationalistes français, on le souligne. Car en ce moment on a trop tendance à enchaîner sur le nationalisme israélien ou américain.
Car des antisionistes, il y en a en France, et pas qu’un peu ! Virés de partout, persona non grata dans tous les partis, que ce soit à la direction ou chez les militants, ils errent d’élection en élection, donnant leurs voix à qui veut les entendre, à qui se rapproche un peu de leur souverainisme authentique. Les écolos ont fait le ménage dans les années 80 (il y avait des chauds, là-bas), le PC dans les années 90 (la tendance Hue après le national-bolchevisme d’un Marchais), la droite dans les années 2000 avec Sarkozy, et enfin la droite nationale dans les années 2010 avec le putsch des nationaux-sionistes. Le PS, lui, n’a jamais fait le ménage, et on a vu où ça l’a mené...
Malgré cette pestifération, l’électeur non sioniste trouve toujours une petite ouverture pour exprimer son fort sentiment national, ce qui ne veut pas dire sa xénophobie ou sa haine, selon l’expression consacrée des gauchistes : on ne les entend pas parler de la haine sanglante des dirigeants israéliens, par exemple.
Tant que La France insoumise n’aura pas fait son réglage sur le peuple français et ses aspirations, un réglage à la Sorel, à la Proudhon, un réglage national et social, elle restera clouée au sol au moment du top départ des avions. Pour cela, il faut le courage politique, savoir dire merde à l’arbitre des inélégances : le CRIF. Comme par hasard, quand Mélenchon a haussé le ton contre le pouvoir profond, sa cote a monté en flèche. Oh, bien sûr, à ce moment-là il a perdu les soutiens et électeurs sionistes mais ces derniers sont une minorité : en démocratie, ils ne comptent pas. C’est pourquoi ils ne sont pas démocrates !
Quand une bourgeoise de gauche refait la stratégie...
On terminera sur la refonte politique de LFi sous l’égide de la bourgeoise Autain, dont l’idée révolutionnaire est d’appliquer au mouvement de Mélenchon (qui veut en faire une « fédération populaire ») les mêmes recettes suicidaires que le PC des années 90-2000 :
« Quelle forme prendra cette fédération, et surtout avec qui ? Personne ne le sait vraiment. La fin de campagne a vu des tensions poindre entre LFI et EELV, mais aussi avec le PS et le PCF. Pas vraiment le meilleur moyen de débuter une discussion entre “partenaires”. Beaucoup comptent sur la campagne référendaire contre la privatisation d’Aéroports de Paris pour retisser les liens et refaire la campagne gagnante de 2005 contre le traité constitutionnel européen.
“Surtout que LFI ne dispose pas d’instances internes où un tel débat peut avoir lieu. Je ne sais pas où cette discussion peut être menée. On nous avait promis une refonte de l’espace politique [instance où cohabitent les différentes composantes politiques de LFI], mais cela n’a pas eu lieu, regrette Clémentine Autain. Il faut faire vivre le pluralisme et la démocratie”. Surtout, un débat divise encore en interne sur la stratégie à adopter : populisme de gauche ou union de la gauche ? “Le choix ne se résume pas entre la vieille gauche et la stratégie dite populiste, poursuit la députée de Seine-Saint-Denis. Je ne crois pas au “eux et nous”, en mettant toutes les élites dans le même panier. En 1789, le peuple s’est articulé aux élites des Lumières. Le discours de haine n’est pas pour notre camp politique. Nous avons toujours gagné en incarnant l’espoir”.
Mme Autain plaide, pour sa part, pour “fédérer le peuple” sur “une base de gauche” et “s’ouvrir sur la société, les citoyens, les syndicats, les intellectuels, les associations”. »
Hola, les féministes, les vegans, les trans, les bobos, les migrants, les jeunes et les oisifs ! Venez rejoindre les rangs de La France insoumise soumise aux lobbies communautaires qui défendent des intérêts ultraminoritaires ! Quant à vous, les ouvriers, les travailleurs, les Gilets jaunes, la France de la vraie gauche, allez vous-en, vous êtes la haine !
Un extrait du livre de Clémentine dédié à sa mère :
Clémentine Autain, Dites-lui que je l'aime, 2019. pic.twitter.com/yeIL0BtMgi
— Omar Exacoustos (@o_exacoustos) 26 mai 2019
La bourgeoise de gauche était l’invitée de Ruth Elkrief le 10 avril 2019 :
Conclusion
La France insoumise sans la lutte des classes, c’est comme le Rassemblement national sans le souverainisme (c’est-à-dire l’antisionisme) : c’est inoffensif pour le Système.