Cinq cents étudiants ont manifesté vendredi contre la présence d’une statue du célèbre colonisateur britannique Cecil Rhodes trônant à l’entrée de l’Université du Cap, un symbole à leurs yeux de l’oppression blanche dans l’histoire de l’Afrique du Sud, a constaté l’AFP.
Depuis quelques semaines, des militants étudiants demandaient que cette statue érigée en signe de gratitude pour le terrain donné par le magnat des mines (1853-1902) soit déboulonnée. Ces terres avaient été volées aux premiers habitants noirs de l’Afrique du Sud, disent-ils.
Exiger le changement
Après avoir il y a quelques jours maculé la statue d’excréments, les étudiants l’ont recouverte vendredi de sacs-poubelle en plastique noir. Tout en chantant « Rhodes doit tomber ! », ils se sont rassemblés devant les bâtiments administratifs du campus, estimant que la direction mettait trop de temps pour enlever la statue honnie.
« Nous sommes ici pour dire à la direction et à la grande Afrique du Sud que nous sommes fatigués d’attendre un changement », a déclaré à l’AFP Nomaliqhwa Hadebe. « Aussi, nous voulons ce changement maintenant, pas dans cinq ans, et pas d’autres discussions. Maintenant ».
Le vice-chancelier de l’université, Max Price, qui a déjà reconnu dans un communiqué jeudi les « nombreuses injustices de la conquête coloniale sous l’ère Rhodes », a expliqué aux étudiants que la décision de déplacer la statue doit être prise par le conseil universitaire le 15 avril, et leur a proposé une rencontre avec la direction avant la tenue de ce conseil.
Cecil John Rhodes (1853-1902) fit fortune en exploitant le diamant à partir de la découverte en 1866 du gisement de Kimberley, dans le centre de l’Afrique du Sud, créant la compagnie diamantaire De Beers qui demeure aujourd’hui numéro un mondial du secteur.
Fondateur de la British South African Company, il s’installe à Harare avec d’autres pionniers partis de Kimberley en 1890 dans un territoire qui deviendra une colonie de la Couronne britannique en 1923 à qui il donnera son nom, la Rhodésie du Sud, devenue le Zimbabwe.
Un autre établissement sud-africain réputé porte son nom, l’université de Rhodes de Grahamstown (sud), où la personnalité controversée du colon alimente également un débat.
« Les dirigeants universitaires commettent une erreur stratégique de penser que ces manifestations visent uniquement les statues », commentait jeudi dans les médias le vice-chancelier de l’université de l’État Libre, Jonathan Jansen.
Les manifestants « réclament une transformation plus profonde des universités, y compris du corps enseignant qui n’a pas beaucoup changé » depuis la fin de l’apartheid.