La grande et belle ville de Lyon est depuis juin 2020 dirigée par un maire écolo, Grégory Doucet. Confronté au problème bruyant des rodéos urbains – ces racailles qui déboulent en scooter ou qui font du wheeling (du « une roue arrière ») en bécane –, il a eu une idée faramineuse : faire jouer ensemble les gendarmes et les voleurs, pardon, les policiers et les motocyclistes sauvages, pour parler poliment.
Du coup, le maire LR du 2e arrondissement dénonce au micro de Bolloré TV (CNews) cette mesure laxiste, tandis que la gauche joue les réconciliatrices. On espère que ce coup de poker utopique va fonctionner, on table sur l’humain. Question : les racailles sont-elles des humains ?
Remarquons une chose : pendant les longs mois de confinements-déconfinements, les forces de l’ordre ont laissé globalement les Lyonnais tranquilles, qui ont pu vaquer, pour les plus audacieux, à leurs occupations habituelles sans se prendre des PV à 135 euros, ce qui est heureux.
Donc il faut savoir jouer avec la répression : parfois elle est utile, parfois pas. La droite n’a pas fait vraiment mieux à Lyon en termes de sécurité, puisque les émeutes urbaines (par exemple aux Minguettes de Vénissieux en 1981) des années 80-90 (émeutes de Vaulx-en-Velin en 1990) ont eu lieu sous le régime de la droite (Collomb, Noir et Barre), même si la définition de la droite dans le département du Rhône a toujours été plutôt douce.
En réalité, la délinquance a explosé pour trois raisons :
historiquement, la trahison de la marche des Beurs fin 1983 par Mitterrand le faux socialiste, une marche à travers la France récupérée par la bande à Julien Dray et SOS racisme, l’arnaque est connue ;
économiquement, le chômage industriel des années 80, une décision de l’état-major socialiste qui a choisi la voie européiste plutôt que la souveraineté nationale en matière économique, a plongé les banlieues ouvrières dans la pauvreté ;
politiquement, la droite nationale-sioniste au pouvoir sous Sarkozy (2004-2012, on inclut ses années de ministre de l’Intérieur) a en réalité baissé les effectifs policiers, et éliminé la police de proximité, qui connaissait le terrain. Il s’en est suivi une distanciation, une méconnaissance des uns et des autres qui a mené où l’on sait, même si les racailles de dernière génération ne sont pas des anges, loin de là.
Concrètement, la droite a eu besoin de la racaille pour en faire un épouvantail et une cash-machine électorale (le vote de la peur), tandis que la gauche en a eu besoin pour capter le vote des banlieues (le vote antiraciste). Le couple droite–gauche a donc laissé la racaille croître et multiplier, la justice ayant ordre de ne pas être trop dure avec les multirécidivistes.
Quarante ans après les premières émeutes lyonnaises, il faut fumer une grand-mère au lance-flammes pour faire deux jours de prison et trois de TIG. Les kalachnikovs font leur apparition dans les équipes de deal, la prostitution des mineures sous influence explose, des CV longs de 10, 15, 20, 30 condamnations font la navette entre les commissariats et les salles d’audience, écopant de peines ridicules. Les flics s’arrachent les cheveux, le pouvoir profond ne les aide pas vraiment, certains se suicident.
Quatorze ans après l’expérience Sarkozy, Zemmour revient avec la même solution, le blocage du migroduc, et la ratonnade des mécontents présents. Mais lui ne vise pas que les racailles : il vise toute la communauté musulmane, mise au ban de la population française pour sa prétendue coupable faiblesse vis-à-vis et des racailles, et des djihadistes. Tous dans le même sac, la nuance risque de ne pas être très vendeuse, électoralement.
La solution E&R aux rodéos urbains : le moto-cross avec un semi-pro !