Dans ce journalisme très spécial – entre flics et voyous – qui se consacre à la truanderie, petite ou grande, il y a deux familles : ceux qui le font pour la frime, des cigales qui papillonnent partout, et ceux qui travaillent, comme des fourmis, qui rapportent des petits morceaux pas forcément spectaculaires, mais qui, au bout du compte, avec le temps, forment de sacrés dossiers.
C’est le cas de Ploquin, qui a une vision à la fois globale et précise du trafic de stupéfiants, une vision qui englobe l’économie, la finance et, bien sûr, la politique (locale), ce qui nous intéresse particulièrement. On le comprendra dans cette interview, menée avec sobriété par le journaliste de RT. Pour une fois qu’un intervieweur n’est pas un interrupteur, qu’il n’intervient pas pour entretenir son ego, dominer son invité, se la raconter...
Bref, Bonnet est un professionnel qui ne casse pas les « couilles », et si on prononce le mot couilles, c’est qu’il est devenu très important dans l’économie de la drogue. Pour monter en grade, il faut avoir des couilles, les montrer, et les planquer aussi quand ça devient trop chaud. Sans couilles, pas de truands. Mais les couilles ne suffisent pas, il faut aussi avoir un peu de cerveau, et seuls ceux qui en ont peuvent devenir de grands voyous.
Ploquin brosse en une demi-heure un tableau que l’on peut raccrocher à nos analyses, quand on connaît l’histoire de SOS Racisme : sa collusion avec les élus PS (les communistes avaient plus de morale, ils étaient plus dans l’action sociale et sportive, et le remplacement de la ceinture rouge par la ceinture rose dans les banlieues a une autre explication, très sonnante et trébuchante), la fausse paix dans les cités, le coup des grands frères, les associations arrosées (voir les centaines de milliers d’euros raflés par la famille de Théo Luhaka), la fermeture des quartiers aux forces de l’ordre ou à la « République », la désagrégation sociale due au chômage industriel, la naissance de l’islamisme et la montée du communautarisme, le phénomène des hybrides (Kepel en parle très bien), le terrorisme plus ou moins manipulé, soit le tableau actuel, qui ne permet plus de revenir en arrière. Même les flics n’y croient plus vraiment, dit Ploquin, alors...
Les cités à deal ne sont pas des zones de non-droit, ce sont des zones d’un autre droit, celui du plus fort, du plus malin, du plus corrupteur aussi. Mais ne dévoilons pas tout, même si le spécialiste ne dit pas tout dans ces 30 minutes. Il faudrait qu’il vienne se faire chatouiller chez nous, car on a de bonnes questions à lui poser. On avait essayé avec Gérard Fauré, le dealer des stars, mais il n’a jamais répondu à nos demandes. Dommage pour l’information !
Ainsi, quand Ploquin émet l’hypothèse que le « 93 » (plus grand-monde n’appelle ce département très spécial « Seine-Saint-Denis ») serait un narco-État, on comprend mieux pourquoi le politique – qui tient la justice, cette excroissance franc-maçonne devenue antiraciste au nom des droits de l’homme, donc laxiste – met des bâtons dans les roues de la police... Autrement dit, si les deals sont protégés, c’est qu’ils rapportent politiquement.
Pour être plus précis sur l’évolution politique du 93, nous avons extrait de Wikipédia trois tableaux parlants. Le premier date de la législature 1978-1981, le deuxième de la législature 2012-2017, et le troisième de la dernière législature (depuis 2018), avec l’entrée en lice et en force des députés LFI, ce croisement entre PCF et PS.
Cet ethno-électoralisme, pour paraphraser Lugan, explique la position antinationale de LFI par rapport à l’immigration de masse, et lui vaut d’être taxé de parti islamo-gauchiste par les sionistes, qu’ils soient de droite ou de gauche. Malgré sa pauvreté, le 93 est un fromage, c’est pourquoi le combat politique droite/gauche y fait rage.