La plupart des éditorialistes aiguisent leur plume jeudi sur la présentation la veille par le nouveau Premier ministre d’un plan d’économies drastiques, estimant que "la potion amère du Docteur Valls" risque fort de mécontenter tout le monde.
"Manuel Valls a présenté hier une facture chargée de zones d’ombre et de non-dits, élaborée selon la technique du rabot qui consiste à rogner ici et là quelques milliards, plutôt qu’une réforme de structures", dégaine Eric Decouty dans Libération. "Imprécise et douloureuse, la note risque finalement de mécontenter tout le monde, et notamment la majorité socialiste", ajoute-t-il.
"Le compte n’y est toujours pas", attaque Gaëtan de Capèle (Le Figaro). "Il ne suffit pas de dire les choses sur un ton martial pour leur donner de la consistance." Dominique Quinio (La Croix) prévoit des "jours de Diète". "Il ne faut pas se leurrer", prévient-elle, "aucune de ces mesures ne sera indolore, ni pour les personnes, ni pour les collectivités, ni pour les services publics. Si ce n’est pas la rigueur, ça y ressemble..."
"Ces coups de rabot, qui frappent uniformément, donc avec une certaine injustice,le budget vital de millions de Français, ressemblent à une prime de nuisance que les politiques font payer au corps social pour compenser leur propre incapacité à le réformer en profondeur", analyse pour sa part Henri Gibier, dans Les Echos. Maurice Ulrich (L’Humanité) voit quant à lui dans les annonces du Premier ministre "un processus de privatisation massive de la richesse publique".
Pour Michel Urvoy (Ouest-France), "ça passe ou ça casse" tandis que dans La République des Pyrénées, Jean-Marcel Bouguereau ironise sur "la potion amère du docteur Valls". "Les gels de printemps, ça pince...", renchérit dans la même veine Hervé Favre (La Voix du Nord). "Espérons pour lui que Manuel Valls a savouré comme il se doit cette quinzaine magnifique et ses sondages de popularité mirifiques car quelque chose nous dit que cela ne va pas durer ! On connaissait déjà les économistes atterrés, depuis hier midi, voici les socialistes atterrés, sonnés par les annonces du Premier ministre qu’ils ont reçu comme un choc d’austérité."
"Le gouvernement de combat a tiré hier sa première salve et elle a fait mal !", commente Raymond Couraud (L’Alsace). "La présentation du plan d’économies concocté par Manuel Valls n’est pas près de réconcilier les déçus de la gauche avec l’exécutif...". D’autant que François Hollande, en "hypo-Président" donne l’impression "de se cacher derrière Manuel Valls" qui a revêtu les habits "d’hyper Premier ministre".
Selon Jean-Louis Hervois (La Charente Libre), "en sonnant la charge hier à la sortie du conseil des ministres, Manuel Valls a clairement affiché son jeu : faire sortir du bois ses (nombreux) ennemis, les prendre de vitesse et profiter d’un fugace état de grâce dans l’opinion pour imposer réformes et sacrifices avant l’été." Et Yann Marec (Le Midi Libre) de prédire : "Manuel Valls va bientôt connaître sa première inversion de courbe : la sienne".
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