L’Arcom (« Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique », fusion du CSA et d’Hadopi) demandait au tribunal judiciaire de Paris de bloquer l’accès à cinq sites pour adultes. Mais la justice préfère une médiation. Bizarre, vous avez dit bizarre ?
C’est une valse sans surprise à trois temps qui a commencé : tout d’abord les déclarations tonitruantes d’Emmanuel Macron en 2019, décidé à lutter contre la pornographie, puis – 3 ans plus tard tout de même – la demande de fermeture par l’Arcom de cinq sites pornographiques après qu’ils n’eurent pas obtempéré à sa demande de blocage des mineurs par la méthode de leur choix, et enfin la justice aujourd’hui qui recule encore davantage en ne demandant pas la fermeture desdits sites.
Ce mardi 6 septembre, les avocats des sites Pornhub, Tukif, XHamster, Xnxx et Xvidéos étaient donc présents au tribunal judiciaire de Paris pour se défendre des demandes de suspension de l’Arcom. Il s’agissait d’une audience de plaidoirie et non pas d’une audience de délibéré, il n’y a donc aucune décision à attendre avant plusieurs mois.
C’est l’hypocrite message « Avez-vous plus de 18 ans ? » qui doit être remplacé par une méthode fiable et efficace de discrimination de l’âge de l’internaute. C’est pourtant assez facile, une simple empreinte bancaire (sans prélèvement) exigeant le contrôle bancaire habituel (en général un SMS sur un portable suivi du code d’accès à l’interface bancaire du client, ou l’utilisation d’une application bancaire sur le portable du propriétaire de la carte bancaire) permettrait d’éliminer un nombre très important de visiteurs mineurs. Le blocage zéro n’existe pas, mais l’on peut très gravement entraver la visite des mineurs. Une simple volonté politique suffirait...
Mais il semble que rien ne soit jamais fait concernant cette activité très lucrative et très corruptrice dont on sait qu’elle est entre les mains de personnes aimant à la fois l’argent et la corruption des mœurs, pour des agendas que nous ne développerons pas ici – la raison financière étant déjà une raison bien suffisante.
Ainsi rien n’a jamais été fait depuis plus de 20 ans, en particulier depuis l’apparition du haut débit Internet (ADSL) et la diffusion massive de la pornographie et son accès d’un simple clic. La téléphonie mobile et le développement des smartphones à la fin des années 2000 a réduit à néant tout espoir de surveiller et bloquer les sites pornographiques via les contrôles parentaux installés sur les ordinateurs familiaux.
D’ailleurs ces contrôles parentaux soit ne sont pas fiables (en particulier parce qu’ils ne sont pas exhaustifs ou pas à jour), soit sont trop restrictifs, empêchant une bonne navigation sur l’Internet, soit sont détournés par les enfants ou – plus souvent – les adolescents.
Pourquoi diantre la pornographie n’est-elle donc pas combattue comme il se doit lorsqu’on connaît ses ravages chez l’enfant, l’adolescent, et même l’adulte sous forme d’addiction ou même parfois d’aide au passage à l’acte criminel ? Il existe déjà de nombreuses lois qui empêcheraient n’importe quel quidam d’afficher et/ou de vendre de la pornographie en pleine rue ou à la sortie d’une école. Or c’est précisément ce que font les sites pornographiques. Ni plus ni moins.
Le contrôle de la pornographie est donc un vieux serpent de mer qui n’en finit pas de n’advenir jamais. Le marché se chiffre en milliards d’euros et les accointances entre les pornocrates et les politiques – ou les juges – sont trop nombreuses pour qu’il ne se passe quelque chose de concret.
Quant aux féministes, elles s’avèrent être bien absentes sur ce terrain – alors que c’est bien ici que le combat se trouve en matière de respect de la femme, bien davantage que dans l’écriture inclusive ou les toilettes non genrées.
Restent des associations conservatrices ou des groupes religieux, bien souvent trop marqués à droite et trop stigmatisés par l’opinion médiatique pour être audibles. Le combat contre la pornographie est alors réduit à de la bigoterie, prêtant le flanc à de trop faciles contre-attaques argumentatives.
Nous donnons donc rendez-vous à nos lecteurs à la fin de l’année pour suivre ce que va décider la justice. Mais nous sommes sans naïves illusions. Comme le disait Bernie Bonvoisin (Trust), qui a dit énormément de bêtises politiques mais a écrit certaines belles choses : « Tu voudrais donner des yeux à la justice, (mais) Impossible de violer cette femme pleine de vices ».