Rue89Lyon est l’émanation lyonnaise du site Rue89, qui a été absorbé par L’Obs. Il reste de cette expérience de presse internet une ligne culturelle de gauche qui a été invalidée par les dernières élections.
Gérard Collomb, de son côté, ne s’embarrasse pas de novlangue humaniste : il a géré le dossier des migrants à Lyon de telle sorte que les lyonnais n’en pâtissent pas. Du coup, il a été promu ministre de l’Intérieur. Signal fort ou simple symbole ?
En visite à Calais ce vendredi 23 juin 2017, il a annoncé un « plan » sur les migrants et le droit d’asile. Il se tient résolument contre les associations dont le combat conduit à un appel d’air pour tous les migrants potentiels. C’est en cela qu’il s’oppose à l’ouverture d’un centre pour migrants, celui que les 11 associations réclament devant le tribunal administratif de Lille. Les forces de la déstabilisation nationale ne lâchent pas le morceau...
Collomb aura-t-il les moyens de s’opposer à ce plan mondialiste ? L’avenir proche le dira. On note avec amusement que pour Rue89Lyon, l’appel d’air est une « théorie »... Les habitants de Calais apprécieront. La gauche a-t-elle conscience de la corrélation entre ses prises de position et les gifles électorales de 2017 ?
Il est assez incroyable de voir ces personnes exiger le chaos avec tous les moyens possibles sous un prétexte humanitaire. Une fois pour toutes : le chaos n’est pas humain. Du moins pas celui-là.
La question des migrants chez Gérard Collomb
Pour comprendre la pensée de Gérard Collomb en matière migratoire, nous revenons sur cinq déclarations marquantes au cours de ses quatre dernières années à la tête de la Ville et de la Métropole de Lyon.
Concernant la question des migrants, rien de nouveau à attendre du ministre de l’Intérieur, si on se fie à ce qu’il a développé en tant que sénateur-maire de Lyon.
Une seule boussole : « respecter le droit d’asile stricto-sensu » et expulser ceux « venus pour des raisons économiques ».
Adepte de la théorie de « l’appel d’air », il a mis en place depuis de longues années une politique de lutte contre les campements et les squats de migrants.
Et ceux qui critiqueraient cette manière de voir sont automatiquement qualifiés « d’irresponsables ».
1. Les familles albanaises chassées des squares : « Pour interrompre les filières de passeurs »
Depuis février 2017, des familles albanaises en demande d’asile se font expulser par la Ville de Lyon des squares où elles installent leurs tentes. Les associations protestent et rappellent que ces personnes ont un droit à l’hébergement.
Mais la politique municipale ne varie pas. La première évacuation, en février dernier, s’était opérée sous prétexte de « travaux concernant la réfection des pelouses ».
Aujourd’hui, dans un quatrième square du 3ème arrondissement, un campement d’une cinquantaine de tentes est sous le coup d’une mesure d’expulsion.
Le 16 janvier dernier, en conseil municipal, Gérard Collomb avait longuement développé sa vision de la prise en charge des sans-abri étrangers à Lyon. Il prenait la parole, répondant à de nombreuses voix qui critiquaient les atermoiements de la municipalité pour ouvrir un deuxième gymnase, dans le but de mettre à l’abri les SDF alors que les températures étaient négatives.
[...]
« Lorsqu’on pense demandeurs d’asile, on pense événements au Moyen-Orient, Syrie et Irak. Non, la première nationalité concernée est albanaise. Là où, d’après ce que je sais, il n’y a pas pour le moment une guerre terrible ».
« Il faut être lucide là-dessus. Il y a des pauvres gens et il faut les prendre en compte mais il y a aussi des filières organisées, qui sont des filières criminelles et qui profitent des failles de nos systèmes. La faille de notre système français est que pour reconnaître qui est un vrai demandeur d’asile et qui ne l’est pas, il faut des semaines et des mois. Quand, en Allemagne voisine, ça prend 7 jours. »
[...]
2. Demandeurs d’asile : « on peut gérer jusqu’à un certain chiffre »
En septembre 2015, quand les municipalités étaient incitées par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve, à se « mobiliser pour accueillir des réfugiés », Gérard Collomb s’était montré très discret.
Un an plus tard, au sujet de la relocalisation des migrants de Calais, il fallait toujours tendre le micro au maire de Lyon pour qu’il réagisse.
Interrogé par Rue89Lyon, Gérard Collomb voulait surtout apparaître comme un homme qui veut maîtriser les « flux migratoires » :
« Il faut faire cette répartition (des migrants de Calais, ndlr) avec le sens de la responsabilité. Nous devons prendre en charge ceux qui doivent bénéficier du droit d’asile, qui sont des réfugiés politiques et qui risquent leur vie dans leur pays.
Et en même temps, il ne faut pas créer des situations qui deviendraient ingérables. On peut gérer jusqu’à un certain chiffre. »
« Il est clair qu’à Calais, il y a de tout : des gens en situation de fragilité et d’autres venus par opportunité. »
Il avait finalement annoncé que la Métropole de Lyon allait accueillir 200 des migrants de Calais.
3. « Il est très difficile d’expulser un étranger en situation irrégulière. Ce qui n’est pas normal dans un État de droit »
La veille de notre interview à propos de la relocalisation des migrants de Calais, le sénateur-maire de Lyon avait lourdement insisté, au micro de Guillaume Durand, sur Radio Classique (ci-après, à 8’), sur cette idée de renvoyer les déboutés du droit d’asile :
« Pour ceux qui viennent pour des raisons autres […] qui, au bout de quelques temps, sont déboutés de l’asile, il faut qu’on puisse les renvoyer chez eux. On ne peut pas faire face à des flux qui viennent pour des raisons économiques. »