L’exécutif, aussi ignorant de la chose policière qu’il l’est de la chose militaire, s’apprête à mettre en place une énième réforme de la police.
Alors que la police de proximité promise par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle devrait, selon une récente déclaration de Gérard Collomb, être mise en place « dès la fin de l’année », l’Union des policiers nationaux indépendants (UPNI), une organisation née du mouvement des policiers en colère et qui se dit asyndicale, vient d’inviter les policiers à envoyer des clichés mettant en lumière la dégradation des matériels et des conditions de travail.
Ainsi, un album-photos devrait être réalisé et publié à l’occasion d’une grande manifestation nationale de soutien à la police prévue pour le 16 septembre prochain. Mais d’ores et déjà, quelques images ont filtré. Et l’on y voit des véhicules qui affichent plus de 300.000 km au compteur, des urinoirs bouchés, des portes rafistolées avec du carton ou encore des commissariats fermés pour cause d’infestation. Finalement, rien que de bien banal pour les policiers habitués à travailler dans ces conditions déplorables. Mais qui devrait révéler aux Français combien les pouvoirs « de droite et de gauche » qui se sont succédé au cours des dernières décennies ont laissé dériver et péricliter l’institution en charge de leur sécurité quotidienne.
C’est donc dans ce contexte, particulièrement honteux pour ceux qui nous gouvernent, qu’est annoncée la prochaine résurrection de la « polprox ». Une police, qui selon le candidat Macron, devait « construire avec les élus de terrain, avec la population et l’ensemble des acteurs, les solutions de sécurité ». Mais comme de juste avec ce gouvernement, le ministre de l’Intérieur, lors de son interview au Figaro ce mercredi 16 août, n’a pas précisé les effectifs qui seront dévolus à cette nouvelle « police de la sécurité du quotidien ». Ni, bien entendu, le budget qui lui sera alloué. En revanche, ce que les policiers savent déjà, c’est qu’ils seront dans l’obligation de faire 526 millions d’économies supplémentaires dans le prochain budget !
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Malheureusement, la police nationale n’a pas à sa tête un Général de Villiers. Tout au plus dispose-t-elle d’un préfet, plus soucieux de sa carrière que de l’avenir de l’institution qu’il a pourtant l’honneur de diriger. Ce sont donc des policiers anonymes qui, au péril de leur avenir professionnel, se chargent de tirer la sonnette l’alarme. Il y a pourtant peu de chance qu’avec quelques photos ils soient entendus.