Le JDD publie ce dimanche une lettre de François Hollande qui rend un vibrant hommage à Jacques Delors, l’ancien président de la Commission européenne, à l’occasion de ses 90 ans, qu’il fêtera lundi.
[...]
L’Europe a laissé ses institutions s’affaiblir et les 28 gouvernements peinent à s’accorder pour aller de l’avant. Les Parlements restent trop loin des décisions. Et les peuples se détournent à force d’être contournés.
Les populistes se sont emparés de ce désenchantement et s’en prennent à l’Europe parce qu’ils ont peur du monde, parce qu’ils veulent revenir aux divisions, aux murs, aux grillages. Or c’est le droit qui protège, et la fédération des États-nations qui donne du poids, pas le désordre et le repli sur soi.
Être une puissance au service de l’équilibre du monde
Ce qui nous menace, ce n’est pas l’excès d’Europe mais son insuffisance. Car face à la globalisation et aux puissances émergentes, comme devant les risques liés aux instabilités à nos frontières, aux coups de force, aux guerres, au terrorisme, aux catastrophes climatiques et à ce qu’ils engendrent avec les déplacements de population, c’est l’Europe qui est attendue pour porter les technologies de demain, promouvoir un modèle industriel, réussir la transition énergétique et écologique, investir dans la connaissance, réduire les disparités territoriales, assurer la solidarité à l’intérieur par des investissements et à l’extérieur par des actions de développement. Bref, être capable d’être une puissance au service de l’équilibre du monde.
La qualité de la relation franco-allemande
Avec Jacques Delors, l’Europe s’est élargie, mais il nous avait mis en garde en proposant un approfondissement avec des intégrations différenciées. Écoutons-le. Les circonstances nous conduisent à accélérer. La zone euro a su cette semaine réaffirmer sa cohésion avec la Grèce.
La qualité de la relation franco-allemande y a été pour beaucoup. L’esprit européen a prévalu. Mais nous ne pouvons en rester là. J’ai proposé de reprendre l’idée de Jacques Delors du gouvernement de la zone euro et d’y ajouter un budget spécifique ainsi qu’un Parlement pour en assurer le contrôle démocratique.