« Mon père avait appris la musique quand il était prisonnier en Allemagne pendant la guerre, mais il jouait déjà de l’accordéon et faisait des bals. L’orchestre Edmond Clapier a été créé à l’automne 1967, quand un copain nous a fait faire un mariage. Mon père était à la batterie, ma mère au tambourin, mon frère à l’accordéon et moi je chantais, je jouais de la guitare et de l’orgue. Mais notre premier bal date de décembre 1968, pour le banquet des pompiers à Paulhac. Après, on faisait un bal par mois pendant l’hiver chez Madame Pichon à Tanavelle et au café de Paulhac, sans compter les banquets. »
La famille Clapier, 3e degré ou 4e dimension ? À vous de choisir, mais derrière le grand écran du show-biz parisien, il y a encore toute une France de baloches et d’accordéons qui swingue. À tout prendre, pour une soirée, les Clapier sont moins chers que Bruel, par exemple.
Puisqu’on est dans la musique, on va y rester un peu avec cette nouvelle compile des emprunts de Gainsbourg. Les mélomanes savent déjà tout ça, mais tous les trois ou quatre ans, on administre une piqûre de rappel, ce qui n’enlève rien au talent commercial de Gainsbourg, qui considérait la chanson comme un « art mineur », ce qui autorisait ce téchouviste de compétition à faire quelques emplettes sans passer à la caisse à droite et à gauche, et surtout dans le répertoire classique que le grand public ignore généralement.
Picasso, qui avait allègrement pompé l’art africain (mais dont le talent ne se limitait pas à cela), disait en substance : « Le talent c’est savoir copier... Le génie c’est ne pas se faire prendre ». Après vérifications, il a plutôt dit : « Les bons artistes copient, les grands artistes volent. »
Au fait, quel rapport entre les Clapier et Gainsbourg ?
Le business, mais aussi le talent. Tout ne se vaut pas, en musique, et dans ce domaine, curieusement, la hiérarchie naturelle et l’excellence sont acceptées par tout le monde. Qui a envie d’écouter une mauvaise chanson ? L’excellence prime, et décide généralement du succès d’un artiste ou d’une titre. Les Clapier n’ont pas fait de tube, Gainsbourg en a fait un paquet.
Cependant, les Clapier et Gainsbourg sont les deux faces d’une même pièce : les uns ont l’honnêteté sans le talent, l’autre le talent sans l’honnêteté. On ne peut pas tout avoir ? Si, il y a des artistes qui sont à la fois talentueux et honnêtes, même dans le gros business.
Par exemple, Sting, l’ancien chanteur du groupe Police. À l’instar de David Bowie, Sting traverse depuis 40 ans les périodes musicales sans disparaître grâce à un renouvellement artistique permanent et une exigence professionnelle de haut niveau.