Les défections se multiplient parmi les troupes de LREM, qui n’a plus besoin de base maintenant que le pouvoir est pris. Le reportage du 20 Heures du 14 novembre 2017 de France 2 montre des militants macronistes du Gers en colère contre « Paris » après la pseudo-élection de Christophe Castaner à la tête de leur mouvement. C’est un peu « Quand la lucidité vient aux électeurs » pour reprendre le titre d’un film hollywoodien de 1950, Quand l’esprit vient aux femmes...
Le sujet date de novembre 2017 mais si nous le diffusons aujourd’hui, c’est pour souligner l’extrême naïveté de ces Français de bonne volonté. N’ayant sans doute pas compris par quels moyens obscurs et avec quels soutiens supranationaux un jeune inconnu a pu se hisser au pouvoir en moins de trois ans, ces Français du quotidien découvrent avec dépit les méthodes forcément pas très démocratiques d’un faux parti créé par le Haut pour piéger le Bas.
Ce n’est pas le cas des autres partis authentiques qui ont une assise historique et sociale. Le mouvement-parti LREM a ceci de spécial qu’il a été conçu pour ratisser large, comme un filet de morutier en mer du Nord. On a pu le vérifier en écoutant un candidat Macron capable de dire tout et son contraire pour faire son marché à gauche aussi bien qu’à droite. Et ça a marché, peut-être au-delà des espérances des ingénieurs du « concept Macron » avec l’aspiration de la presque totalité des voix socialistes et d’une moitié des voix de droite libérale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le dimanche 7 mai, au soir de son triomphe, Macron avait séduit, voire subjugué, 80% des électeurs de Hamon et 48% des électeurs de Fillon.
Ainsi, une figure politique a-t-elle été construite de A à Z pour correspondre en surface aux désirs de l’électeur français moyen (mais) majoritaire. Le programme du Macron a été conçu pour attraper le plus de poissons possible au détriment de toute cohérence apparente. C’est pour cela que sa politique n’est pas lisible pour les Français, qu’ils aient voté pour lui ou pas : un jour il évoque la solennité de la fonction, le lendemain il se laisse appeler par Cyril Hanouna. Un jour il dit qu’il ne faut pas diaboliser l’Iran, le lendemain il laisse son ministre en parler comme de la menace numéro un. Un jour il accorde – grand prince – toute sa légitimité à Assad, le lendemain il le traite de massacreur de son peuple.
Pourtant il y a une cohérence dans ce fatras d’annonces nouvelles, de déclarations enflammées et d’envolées lyriques : la France est gouvernée par un petit noyau de cerveaux ultralibéraux pro-américains. Et dans un pays ultrasensible au social, ce noyau très dur doit avancer masqué. Alors on maquille les décisions de hard politique sous ces discours que les Français aiment entendre. Discours qui entreront bientôt en collision avec les faits, avec les effets de la dureté libérale, c’est-à-dire la paupérisation de beaucoup pour le profit de peu. Faire les poches du Bas pour les poches du Haut.
Quelle différence avec Sarkozy ou Hollande ? Le premier a essayé d’être un libéral de droite, le second un libéral de gauche. Macron, lui, est un libéral ni de droite ni de gauche, un libéral sans complexes qui sait pertinemment que son rôle consiste à ne pas braquer l’électorat. Les Français ont retenu le candidat « ni droite ni gauche » alors que Macron n’était que le candidat libéral. Car le libéralisme n’est ni de droite ni de gauche : il est là où est son intérêt, celui de ses représentants et producteurs.
Le discours macronien a pour fonction d’endormir les défenses du peuple en satisfaisant son imaginaire pendant que l’oligarchie lui fait les poches. Une schématisation brutale, mais tous les soupçons y confluent.
"#Macron va faire des économies de 10 milliards sur l’#AssuranceChômage. Cela veut dire que les prestations chômages vont être plus faibles ou distribuées sur des plus courtes durées". #MacronVousEnfume pic.twitter.com/78liQSc2Hs
— CESTMOIن ™️ (@_Math_D69) 27 décembre 2017
Si l’on veut élever un peu son regard, on doit considérer la période d’incubation du Macron, soit 2014-2017. Début 2014, le futur Premier ministre Manuel Valls fait sien les intérêts du CRIF et lance sa campagne contre Soral et Dieudonné, les deux personnalités qui entravent le pouvoir du tout-puissant CRIF. Valls sera récompensé au printemps par l’avant-dernière marche – Hollande sera forcé de le nommer Premier ministre – avant le Graal de la présidence.
Une dernière marche qu’il n’atteindra jamais car il sera puni lors de la primaire de gauche. Mais on sent pointer le museau du sécuritaire : Valls, qui manque d’imagination, applique la méthode Sarkozy pour dégager Hollande comme Sarkozy avait dégagé Chirac.
- L’oligarchie a toujours deux candidats au feu : le Bon, et le Mauvais... qui pousse les électeurs vers le Bon
Les Français ont préféré l’insécurité sociale à l’insécurité terroriste...
La séquence terroriste janvier 2015-juillet 2017 ne servira pas plus ses ambitions : Valls sera sifflé, giflé puis insulté en public. Malgré tous ses efforts – et l’avenir livrera peut-être un jour ses secrets – les attaques sur la France bénéficieront à l’autre versant de l’oligarchie, plus porté sur le sociétal que sur le sécuritaire. Valls sera associé aux attentats, tandis que Macron apparaîtra comme le réconciliateur national. C’est cette image d’anti-Valls qui le portera au sommet.
En vérité, la finale de la présidentielle n’aura pas été un affrontement entre Macron et Marine Le Pen, mais entre Macron et Valls.
N’oublions pas le travail conjoint de la fée Médias : sans la formidable armada du groupe de Patrick Drahi (BFM TV est la première chaîne d’information continue), Macron n’aurait jamais obtenu la surface médiatique nécessaire pour incarner cette image de fédérateur si chère aux Français après le sang coulé. Valls était la blessure, Macron sera le pansement.
Avec le recul, chronologiquement parlant, Macron a surgi tel un petit diable des entrailles du Système au « bénéfice » des chocs terroristes subis par la France et de la propagande massive des médias complices, avec en première ligne ceux de l’Israélien Drahi.
Certains y verront une série de coïncidences miraculeuses, d’autres le génie d’un jeune général sachant monter dans les bons wagons de l’Histoire. Une poignée y décèlera la plus grande ingénierie politico-sociale que la France ait connue.
Le terrorisme transforme en effet le besoin de sécurité sociale (qui coûte si cher au Capital) en besoin de sécurité individuelle. Le terrorisme casse au sens propre et au sens figuré le collectif : foule, attroupement, collectif... tout collectif devient un danger. Le refuge dans l’individualisme est l’objectif inavoué du libéralisme sociétal. Il y a congruence entre le libéralisme et le terrorisme.
- Sondage du 28 décembre 2017 parus dans Paris Match