Lors de la présentation du projet de loi de finances initiale 2014 pour la mission « Défense », il avait été précisé que les « premiers Rafale biplaces destinés à remplacer les avions du second escadron de Mirage 2000N seront livrés en 2014 ».
En clair, l’Escadron de chasse 2/4 La Fayette, basé à Istres, va bientôt changer d’appareil.
Dans le même temps, au cours de l’exécution de l’actuelle Loi de Programmation Militaire (LPM), seulement 26 exemplaires du Rafale seront livrés aux forces aériennes françaises. Aussi, les marges de manoeuvre sont limitées pour l’armée de l’Air, qui a dû revoir ses plans.
Dans un entretien publié par le hors série n°37 de DSI, le général Denis Mercier, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA) a donné quelques explications. « Nous avons, volontairement et comme pour l’A400M, réduit la cadence d’arrivée des Rafale, de manière à maintenir le financement d’autres capacités importantes », comme les drones ou encore le remplacement des avions ravitailleurs C-135FR, sans lesquels il n’y a pas de projection de forces possible, ni de composante aéroportée de la dissuasion.
« Aussi, poursuit le CEMAA, nous avons décalé la création du prochain escadron de Rafale qui devait remplacer l’escadron de Mirage F1-CR fraîchement retiré du service (ndlr, le 2/33 Savoie a été dissous) » et « c’est aussi pour cela que nous avons voulu moderniser le Mirage 2000D pour pouvoir tenir avec ces avions au moins jusqu’en 2025 (ndlr, ce qui veut dire qu’il pourrait être maintenus en service au-delà), et les remplacer par des Rafale modernisés ».
Comme annoncé dans le projet de loi de finances pour 2014, le général Mercier a confirmé que les Rafale livrés prochainement seront destinés au second escadron nucléaire des Forces aériennes stratégiques, le premier, le 1/91 Gascogne, étant déjà opérationnel sur cet appareil.
« Les premiers équipages commenceront leur transformation en 2015 pour une mise en service opérationnel en 2018″, a expliqué le général Mercier. Seulement, ce second escadron nucléaire ne devrait pas être implanté sur la base aérienne 125 d’Istres mais sur la BA 113 de Saint-Dizier. Et cela, comme l’a fait valoir le CEMAA, pour « faciliter l’entretien des compétences et rassembler nos avions biplaces ».
Quant à la perspective d’éventuelles coupes budgétaires supplémentaires, le général Mercier a été très franc. « Nous sommes arrivés à un niveau socle », a-t-il dit. En clair, l’armée de l’Air perdrait son « niveau d’autonomie et de réactivité » et il ne serait plus possible de rééditer ce qu’ont fait les aviateurs lors de l’opération Serval, au Mali. « Nous ne pourrions plus le faire et serions alors obligés d’avoir pour certaines capacités clés un abonnement à l’Otan ou auprès des Américains », a-t-il prévenu.