Bonne nouvelle ! Enfin, pour la communauté de Lumière. Les chemins de fer des Pays-Bas, après des discussions qu’on imagine un peu âpres avec un fils de déportés juifs, vont indemniser les « proches » des déportés du pays. Euh, attendez, par proches, vous entendez quoi les gars ? C’est une notion un peu élastique...
Essayons d’apprendre au moins quelque chose dans cette annonce : en Hollande (qui n’est qu’une partie des Pays-Bas), la SNCF s’appelle en vérité la NS, ou Nederlandse Spoorwegen. On dira « NS », pour la commodité de la chose. À ne pas confondre avec NN, ou Nacht und Nebel, le programme nazi de disparition dans la brume et la nuit des opposants politiques à partir de l’année 1941. Tout ennemi déclaré du Reich dans les territoires occupés pouvait faire l’objet d’une mesure de, disons d’éloignement.
Près de 80 ans après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, et l’invasion des Pays-Bas du 10 au 14 mai 1940, l’entreprise de transport ferrée est donc harcelée pour qu’elle lâche un peu de flouze.
« Comme nombre d’autres entreprises néerlandaises, la NS a poursuivi ses activités au service des occupants nazis après l’invasion du pays par l’Allemagne en mai 1940, gagnant l’équivalent de millions d’euros en transportant des familles juives vers Westerbork, selon la chaîne de télévision nationale NOS. »
- Le camp de regroupement et de transit de Westerbork
La question est : jusqu’à quand remonter pour commencer à dédommager les victimes, et là on ne parle pas que des victimes juives de la période 1939-1945 ? Où arrêter le départ des persécutions et à quelle communauté ? Car dans ce cas, pourquoi les Africains déportés de la côte ouest du continent pendant plus de trois siècles (1550-1850) n’ont-ils pas droit à des réparations de la part des grandes sociétés de shipping, pardon, de commerce maritime international ?
La réponse, par le Président François Hollande :
C’est évidemment la question qu’ont posée des associations noires mais qui n’ont pas obtenu plus qu’une vague Journée de commémoration, c’est-à-dire rien de bien sonnant et trébuchant. Le pognon, c’est plus sérieux qu’un paquet de médailles et une cérémonie à la noix ! La verroterie, c’est bon pour les Indiens, les indigènes d’Amérique. À propos, eux, ils ont eu quoi au père Noël des indemnisations ? Quelques casinos, le droit de vivre dans des coins pourris, des bouteilles d’eau-de-feu et c’est tout. L’alcoolisme et la dépression en héritage du peuple néo-américain.
Mais revenons à nos moutons enragés.
“La NS a obéi aux ordres des Allemands de mettre des trains à leur disposition. Les Allemands ont payé pour cela, et la NS devait s’assurer que les trains soient à l’heure”, a expliqué à la NOS Dirk Mulder, du Centre pour la mémoire de Westerbork.
Centre de la mémoire ou centre de la compta ? Des fois ça se chevauche. Il reste que, derrière ces nauséabondes questions d’argent, plus de 100 000 juifs néerlandais ont été déportés lors de la dernière guerre. C’est la communauté européenne qui a le plus morflé en pourcentage, mais pas en volume. Les juifs polonais ont été beaucoup plus visés par la campagne de persécution nazie. Mais les Polonais ne sont pas très solvables en ce moment, et ils ont une petite dent contre les pressions venues de Tel-Aviv.
- Des chiffres qui donnent le vertige
Heureusement, la NS s’est excusée :
« L’entreprise s’est officiellement excusée en 2005 pour ses actes pendant la seconde guerre mondiale, mais aucune indemnité n’a été versée jusqu’à maintenant. “C’était une période sombre de l’histoire de notre pays et aussi de notre compagnie. C’est un passé que nous ne pouvons ignorer”, a déclaré la NS. »
Comme on le voit, les excuses n’empêchent pas l’indemnisation ! Ces petits malins pensaient s’en tirer avec trois phrases mémorielles ou quoi ?
L’article du Monde qui nous a inspiré cette petite réflexion post mortem rappelle dans un lien que « pour le rôle de la SNCF dans la Shoah, Paris va verser 100 000 euros à chaque déporté américain ». Ah, on ne savait pas que les cheminots avaient assassinés des juifs, Français qui plus est. Décidément, cette Seconde Guerre mondiale fourmille de surprises, même 80 ans après. Enfin, 79 ans, soyons précis. Les chiffres comme les mots sont importants, si l’on veut indemniser les vraies victimes...