La République tchèque ne prendra aucun « migrant » au-delà des 12 demandeurs d’asile déjà accueillis dans le cadre du programme de redistribution des immigrants clandestins arrivés en Italie et en Grèce selon les quotas obligatoires convenus en 2015.
Lors du Conseil européen qui avait étendu, en septembre 2015, ces quotas pour couvrir 160.000 immigrants arrivés illégalement dans l’Union européenne, la Tchéquie avait manifesté son opposition, comme la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie. La Pologne avait ensuite rejoint ces pays après les élections d’octobre 2015, qui avaient porté les conservateurs au pouvoir à Varsovie. Dans une interview publiée dimanche, le ministre de l’Intérieur tchèque Milan Chovanec estime que son pays choisira probablement de subir des sanctions financières plutôt que d’accueillir de nouveaux « migrants », même si ces sanctions se chiffrent en millions d’euros.
Selon les quotas adoptés en 2015, la République tchèque devrait accueillir d’ici au mois de septembre 2017 pas moins de 1.600 demandeurs d’asile se trouvant actuellement en Grèce et en Italie. La France, l’Italie et l’Allemagne voudraient que le versement de subventions européennes de type fonds de cohésion soient suspendu pour les pays du Groupe de Visegrád qui refusent les quotas d’immigrants et la Commission européenne propose une amende de 250.000 € par « migrant » refusé. La Hongrie et la Slovaquie, soutenues par la Pologne, ont porté l’affaire de la redistribution obligatoire des « réfugiés » devant le Cour de justice de l’UE (CJUE) qui devrait se pencher dans les prochaines semaines sur la légalité d’une telle mesure au regard du droit européen.
Pour Milan Chovanec, le principal problème, c’est la difficulté qu’il y a à enquêter sur les demandeurs d’asile pour s’assurer qu’ils ne présentent pas de risque. « Les contrôles de sécurité en cours montrent que le pays ne peut plus accepter personne d’autre », se défend le ministre de l’Intérieur tchèque. La vérification de l’identité de ces « réfugiés » est chose compliquée selon le ministre qui se plaint du refus de ces immigrants de rester dans les centres d’accueil où ils résident pendant la période de quelques semaines à deux mois nécessaire pour enquêter.
Réuni le 28 mars à Varsovie avec ses homologues du Groupe de Visegrád (regroupant, outre la République tchèque, la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie), le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka avait déjà exprimé son refus des quotas obligatoires et s’était réjoui de la position commune du V4 sur cette question. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán avait alors affirmé qu’un nombre croissant d’États membres se ralliaient à l’avis du V4, et Beata Szydło et Robert Fico, respectivement Premiers ministres de la Pologne et de la Slovaquie, avaient dénoncé le chantage de l’UE après des menaces prononcées la veille par le Grec Dimitris Avramopoulos, commissaire européen aux Affaires intérieures. Résumant la position du V4, Beata Szydło avait déclaré lors de la conférence de presse finale : « Nous disons clairement que la politique migratoire adoptée jusqu’ici par l’Union européenne n’a pas réussi et qu’il faut en tirer des conclusions. Les déclarations du commissaire et les déclarations de ministres de différents États de l’Union européenne qui veulent imposer un tel dictat et un tel chantage sont un malentendu. »
Jusqu’ici, sur 160.000 « migrants », moins de 20.000 ont été relocalisés alors que le programme voté par le Conseil européen en septembre 2015 prendra fin en septembre prochain. Sur leurs quotas obligatoires respectifs, la Slovaquie n’a accueilli que 16 demandeurs d’asile et la Pologne et la Hongrie n’en ont accueilli aucun. Prague avait bien décidé de faire venir 150 chrétiens directement d’Irak, en dehors du système de redistribution de l’UE, mais après que 33 d’entre eux eurent décidé de quitter la Tchéquie pour l’Allemagne, ce programme a été suspendu en mars 2016. En avril de la même année, un groupe de 25 chrétiens irakiens tentait de passer illégalement la frontière avec l’Allemagne et le gouvernement tchèque décidait alors de les renvoyer dans leur pays d’origine. Plusieurs familles chrétiennes venues directement de Syrie en Pologne grâce au concours d’une ONG sont elles aussi parties sans rien dire en Allemagne à l’automne 2015 malgré l’assistance qui leur était fournie par les autorités et les paroisses d’accueil : logement, nourriture, école pour les enfants, cours de polonais, etc.
Malgré cela, d’après le Times, l’Allemagne, la France et 21 autres pays européens prévoient d’adresser cette année un ultimatum aux pays qui refusent les quotas de « migrants » en leur demandant de quitter l’UE s’ils ne veulent pas prendre leur part du fardeau.