La NSA américaine a construit un énorme système de partage de l’information qui a pour but de permettre aux analystes des agences de renseignement du pays, d’avoir accès à des centaines de milliards de fichiers et de données sur la vie des gens du monde entier.
Le moteur de recherche créé, ressemblant à « Google », d’après le journaliste Ryan Gallagher d’Intercept, a été développé par la NSA dès 2007, mais n’a été rendu public que lundi dernier, grâce aux documents classifiés fuités au site d’information par l’ancien contractant du renseignement Edward Snowden.
D’après les documents fuités et l’analyse de Gallagher, le moteur de recherche ICREACH créé par la NSA permet aux analystes de près de deux douzaines d’agences gouvernementales, incluant le FBI et la DEA (Drug Enforcement Administration), parmi d’autres, de partager un vaste domaine de détails sensibles collectés par la communauté du renseignement et ses partenaires ne concernant pas seulement des suspects de terrorisme, mais « des millions et des millions de données au sujet des citoyens américains, qui n’ont été accusés d’aucun crime ni délit », écrit Gallagher.
« La NSA a reconnu qu’elle partage certaines de ses données avec des agences intra muros comme le FBI, mais les détails au sujet de la méthode et de l’ampleur de ce partage demeurent entourés de secret », a ajouté Gallagher. Avec le dernier article en provenance du cœur des dossiers classifiés glanés par Snowden l’an dernier, des détails quoi qu’il en soit commencent à se faire jour au sujet de l’ampleur du partage de l’information stockée, ouvrant ainsi de nouvelles questions quant à ce qui apparaît la source illimitée d’information à la disposition de la communauté du renseignement au sujet des citoyens.
« ICREACH a été accessible à plus de 1000 analystes appartenant à 23 agences gouvernementales US qui travaillent dans le renseignement, d’après un mémo datant de 2010. Un document de planification datant de 2007, liste la DEA, le FBI, la CIA et la DIA (Renseignement militaire) comme des membres étant au cœur du partage de l’info. L’information partagée au travers d’ICREACH peut-être utilisée pour tracer des gens, reconstituer leur réseau de connaissances et d’association, aider à prédire des actions futures et potentiellement révéler les affiliations religieuses ou croyances politiques ». Écrit Gallagher. D’après un mémo confidentiel inclus dans les sources de Snowden, « le moteur de recherche ICREACH est le tout premier système de partage de communications de méta-données au sein de la communauté du renseignement américaine », en référence au terme utilisé pour décrire les détails bruts concernant les signaux de renseignement ou SIGINT, comme par exemple qui parle à qui et quand.
Depuis l’an dernier, les documents fuités par Snowden ont révélé et exposé l’ampleur de la portée que le renseignement américain et ses partenaires ont atteint afin de collecter et d’exploiter les meta-données personnelles afin de pouvoir tracer des personnes. De manière routinière quoi qu’il en soit, des informations concernant des citoyens américains lambda sont injustement et illégalement collectées et néanmoins stockées dans les vastes bases de données gouvernementales, ce qui a levé certaines préoccupations au sujet de la vie privée et de ses avocats qui disent que le gouvernement va bien au delà de ses prérogatives en ce qui concerne la collecte et le stockage des données.
Des détails au sujet de ICREACH montrent maintenant que la NSA a construit un moteur de recherche qui peut contenir jusqu’à 850 milliards de fichiers différents, de communications ou d’« événements », démontrant par là les intentions de l’agence en regard de ce que le général Keith Alexander, l’ancien patron de l’agence, avait pour habitude de résumer en ce mot de la NSA : « Collectons tout » Avec ce système très spécifique, la NSA apparaît avoir créé un moteur de recherche suffisamment puissant pour que les agences gouvernementales puissent scanner l’équivalent de plus de 100 fichiers par personne habitant cette planète. Parce que les documents de Snowden sont déjà anciens, il est plus que probable que la NSA ait déjà avancé vers la possibilité plus accrue de stocker des informations encore plus sensibles.
Tandis que la NSA estimait initialement pouvoir maintenir des archives de plus de 850 milliards de dossiers sur ICREACH, les documents indiquent que l’objectif pourrait bien avoir été amplement dépassé et que le nombre de données personnelles stockées par le système puisse avoir augmenté depuis le rapport de 2010 faisant référence aux 1000 analystes. Le “budget noir” de la communauté du renseignement pour 2013, qui a aussi été obtenu par Snowden, montre que la NSA a récemment demandé plus de financement afin de mettre à jour son ICREACH « pour donner aux analystes de l’IC (Intelligence Community / Communauté du Renseignement) un accès à de plus amples données partageables », a écrit Gallagher.
Traduit de l’anglais par Résistance 71