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La Haine, exemple d’un matraquage idéologique

AteliER
Article initialement publié dans l'atelier E&R

Film culte, de référence sur la banlieue, La Haine a fait mousser des milliers de jeunes bourgeois, fascinés par la violence des voyous de cité. Formellement, pas grand-chose à redire. Kassovitz sait tenir la caméra, maîtrise le noir et blanc ainsi que l’intensité dramatique. Il en ressort un film très regardable et loin d’être ennuyeux.

Le problème réside bien entendu dans son parti pris idéologique. Sous couvert d’être un film réaliste, décrivant la triste vie des banlieues, La Haine constitue en réalité une charge antiraciste et méprisante. Premier constat : le réalisateur a choisi de traiter la vie de banlieue à travers trois personnages appartenant à la jeunesse qui empoisonne la vie des autres habitants. Ces derniers essaient de s’en sortir en trimant dur matin, midi et soir et doivent encore supporter en rentrant chez elle le bordel provoqué par des jeunes agressifs. En agissant ainsi, Mathieu Kassovitz laisse à penser que tous les jeunes de cité sont des êtres violents, fumeurs de joints et sans le moindre respect pour l’autorité, ce qui est bien évidemment totalement erroné.

Il est certain que « les quartiers », comme disent les hommes politiques qui y vont entourés de trois bagnoles de police, sont des zones où le chômage est nettement plus important qu’ailleurs. Il n’en demeure pas moins que 100 % des jeunes de cité ne sont pas au chômage et que la plupart d’entre eux tente juste de d’en sortir. Insinuer qu’ils sont tous des voyous en puissance relève donc de la malhonnêteté intellectuelle la plus totale. En outre, les banlieues ne sont pas les zones les plus indigentes de France. Ces dernières se trouvent en zone rurale, où il y a d’ailleurs beaucoup moins de violence que dans les cités.

La violence de ces jeunes est compréhensible. La France, qu’on leur décrit dans les manuels scolaires d’histoire, est un pays nauséabond, raciste, fasciste, collabo, macho et colonialiste tandis que leur pays d’origine est glorifié et sanctifié. Qu’ils y retournent pendant six mois et ils verront à quel point la France est un pays formidable. Eux ne sont pas fautifs, ils ne sont que les pantins des petits clercs comme Kassovitz et des gros poissons comme les associations antiracistes ou le parti socialiste. Les trostkards ont toujours vu en ces gamins désœuvrés des rebelles incroyables à notre société, des êtres dangereux pour la nation et pour le pouvoir en place. En vérité, ce sont les pires idiots utiles du système. Ils prônent la surconsommation : les filles bonnes qu’à baiser, la thune facile, les grosses montres et les maisons avec piscine. Ils vénèrent le monde de l’argent et n’ont qu’une phrase en tête : « Le monde est à moi » (Scarface). C’est en ce sens qu’ils sont toujours mis en avant.

Ces alliés objectifs de la civilisation libérale sont en outre traités avec le plus grand mépris par les types comme le réalisateur de La Haine. En effet, pour lui, la jeunesse de cité ne peut s’en sortir qu’en faisant du rap, du break dance, du graff ou du sport. Si en plus, ils peuvent voter socialiste, alors c’est la cerise sur le gâteau. À ce sujet, ce crétin d’Enrico Macias a balancé une perle : « Qu’il y ait plus de footballeurs... qu’il y ait plus de choses de façon à ce que les banlieusards ne tombent pas dans la délinquance... et tout ça. » C’est vrai que personne ne galère dans le milieu du foot et que tous les footballeurs jouent dans des grandes équipes européennes... Qu’on leur conseille d’être plombier, dentiste, commercial ou ingénieur, ils auront plus de chances d’éviter le chômage.

Dans le film, les clichés antiracistes ne manquent pas. Le petit Blanc et les policiers sont tous des racistes en puissance, des méchants qui oppressent les trois délinquants de cité, un Noir, un Juif et un Arabe, tous unis contre le salopard de Français de souche. Cette alliance paraît largement surfaite tant on sait que le Noir et l’Arabe de banlieue ne portent pas les Juifs dans leur cœur. De plus, n’étant plus assimilés à la culture nationale, les communautés ont tendance à se reformer dans les cités. La France « Black-Blanc-Beur » n’est qu’un mythe. Même au sein de l’équipe de France de 98, pourtant le reflet médiatique d’une France métissée, les communautés existaient. Il suffit de regarder la vidéo où l’antiraciste Thuram dit qu’il ne veut pas de Blanc et de Lebœuf dans le cadre parce qu’il veut faire une photo avec ses frères « renois ».

Il reste donc à faire un film authentiquement réaliste sur les banlieues, ne les glorifiant pas mais ne les méprisant pas non plus. Un film qui identifierait les causes du mal. Un film sur les gens qui veulent sortir des manipulations permanentes. Un film qui mettrait un énorme doigt à La Haine. Un film qui va donc avoir du mal à trouver des producteurs.

 






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31 Commentaires

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  • #123084
    Le 23 mars 2012 à 22:19 par racesang
    La Haine, exemple d’un matraquage idéologique

    C’est justement parce que il n’y a pas de métier stupide a apprendre que les gens ne peuvent pas éviter le chomage, votre système d’éducation completement merdique moi tant sa j’aime mieux être au chomage et faire du break dancing.

     

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  • #123264
    Le 24 mars 2012 à 00:37 par Gregory
    La Haine, exemple d’un matraquage idéologique

    Joey Starr avait critiqué l’opportunisme de M.Kassovitz dans l’émission Nulle Part Ailleurs et, peu importe ce qu’on pense de Didier Morville, son analyse était très intéressante pour l’époque. Ce film n’était qu’une caricature de la banlieue mais si certains aiment, ça ne me dérange pas. Le problème venait du fait qu’il n’y avait pas une autre vision des banlieues (avec un style aussi efficace). Aux USA, il y avait eu Menace 2 society mais aussi Boyz in the hood : deux visions totalement différentes des ghettos noirs américains. Le second film US comportait une "morale" et montrait que des gens, malgré un contexte difficile, pouvait s’en sortir. Le problème ne vient pas du film La Haine mais de l’absence de choix, l’absence de contradictions, ce qui conduit à s’interroger sur l’intervention de l’Etat et des collectivités territoriales dans la production audiovisuelle.

     

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  • #123377
    Le 24 mars 2012 à 05:06 par Audiogenic
    La Haine, exemple d’un matraquage idéologique

    Le début du texte m’a un peu surpris. Les deux premiers paragraphe de l’article disent que le film veut montrer toute la population des banlieues. Le film montre le quotidien d’une certaine catégorie. Ceux qui ont vu ce film (jeune ou vieux) savent très bien que tous les habitants des banlieues ne sont pas tous comme ça, mais bien certains. C’est logique. On y fait pas la confusion ou alors on a rien compris. Moi Je vis dans une cité et je ne m’associe pas du tout avec cette catégorie de personnages, étrangers ou pas. Le début de l’article sert plus à nous embrouiller le cerveau. Le rédacteur cherche un peu la petit bêtedu film. C’est un peu tiré par les cheuveux je trouve. Le reste de l’article est correct.

     

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  • #124020
    Le 25 mars 2012 à 00:37 par Raphaël
    La Haine, exemple d’un matraquage idéologique

    Après avoir réécouté la Haine hier...

    Le film fait du juif un jeune getthoisé...ce qui n’est pas réaliste, ou sinon exceptionnel.
    Mais reste que c’est lui le plus haïssable et le plus attiré à la violence parmi les trois...
    Le noir, qui aime et respecte sa mère, fait figure de modéré, voir de sage, et Said c’est le petit comique, pas méchant non plus.
    Question quiz : un producteur non-juif aurait-il eu le courage de donner le rôle du "mauvais" au juif ? Ne lui aurait-on pas reproché une "faute de goût" ?

     

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  • #124121
    Le 25 mars 2012 à 12:22 par canaan.og
    La Haine, exemple d’un matraquage idéologique

    J’attends le film qui stigmatise la communauté de Kassovitz, sur le monde financier et les plus grosse quenelle qui y sont pratiquées par les soi-disant gentils en col blanc. On préfère mettre en avant le voleur de poules, ça distrait la galerie, pendant ce temps, les madoff et consors nous essorent, c’est vieux comme le monde, mais ça marche.
    S’il voulait montrait la réalité, à travers ses fictions, qu’il le fasse sur 360°, non juste sur certaines facettes de la société - toujours les mêmes d’ailleurs- . Ceci est du Faux courage.

     

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  • #124350
    Le 26 mars 2012 à 00:38 par damien
    La Haine, exemple d’un matraquage idéologique

    Assez bonne vision.

    J’aime bien la photo mise en illustration, à la Orange Mecanique, qui présente des psychotiques qui intrigues.
    C’est bien fait pour faire vibrer un certains public, ici les bourgeois (bien vu).

    C’est à ceux-la à qui vous demandez,
    - "Et l’immigration ?"
    - "J’aime bien le couscous, oui".

    Soit une réponse à coté de la plaque, partielle peu vécue...

    Un peu comme ou à une époque ou le bourgeois allait voir la mystérieuse exposition coloniale.
    Certes c’était bien fait, c’était spectacul...aire, avec de la réclame, pour faire un ti billet.

    Mais on est à coté de la plaque, d’ailleurs ces gens la pouvaient ils cerner l’intéret de ces gens ou des français populaires.
    Ouaips, le rare dépassement de ses déterminismes...

    Tout change, mais rien ne change.

     

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  • #124548
    Le 26 mars 2012 à 13:37 par Adrien
    La Haine, exemple d’un matraquage idéologique

    Je viens de voir un film qui m’a vraiment mis très mal à l’aise, qui s’appelle "talk radio" de Oliver Stone qui laisse vraiment planer un doute sur la finalité idéologique de ses films, surtout quand on voit ce qu’il a réalisé depuis. Je vous conseille de le voir en version sous titrée afin de bien saisir les nuances de language ainsi que les voix qui semblent en dire long sur les personnages du film qui n’apparaissent pas à l’écran.

     

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  • #125073
    Le 27 mars 2012 à 10:10 par byb
    La Haine, exemple d’un matraquage idéologique

    Pas vraiment d’accord avec l’article globalement. Malgré quelques détails discutables ; j’ai retrovué dans ce film des personnages assez réalistes et humains, avec leur bons et mauvais cotés, une ambiance assez fidèle au quartier.

    J’ai aussi trouvé courageux de donner le mauvais role au blanc juif (violent, enragé, grande gueule) et de faire du noir catholique le personnage le plus modéré et le plus réaliste sur la situation (non violent, sportif, malin).

    Par contre, sur la "banlieue", moi ce qui me saoule copieusement c’est de réduire la "banlieue" aux cités uniquement, comme si c’était "ça" la banlieue. Venant d’un milieu modeste mais pas de grand ensemble HLM, mais de banlieue parisienne quand même, c’est chiant de se voir représenter toujours par des personnages évoluant dans les grands ensembles et bloqués dans ceux-ci, ce qui n’est pas la vérité.

    Un film authentique sur la banlieue devrait avoir au moins la moitié de ses personnages ne vivant pas dans une cité.

     

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  • #126467
    Le 29 mars 2012 à 17:01 par boris
    La Haine, exemple d’un matraquage idéologique

    "Il reste donc à faire un film authentiquement réaliste sur les banlieues" .... ça s’appelle un documentaire. De nombreux documentaires sont réalisés mais ce ne sont pas les mêmes réseaux de diffusion.

     

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  • #127786
    Le 1er avril 2012 à 12:44 par stef
    La Haine, exemple d’un matraquage idéologique

    Bon film en ce qui me concerne, pour avoir travailler avec Mr Kassovitz sur l’ordre e la morale ( film a voir ) j’ai vu quelqu’un avec de la conscience professionnelle, ce qui est rare de nos jours

     

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