Face aux lecteurs du Parisien, la ministre du Travail défend ses ordonnances qui, selon elle, « rénoveront profondément le modèle social français ».
[...]
Votre réforme suffira-t-elle à relancer l’emploi ?
Il n’y a pas une mesure miracle pour gagner la bataille de l’emploi. C’est tout le système qui doit évoluer. Nous avons la chance aujourd’hui d’avoir une croissance qui commence à s’inscrire dans le long terme. C’est le bon moment pour agir. Pour lutter contre le chômage, chaque once de croissance doit se transformer en emploi. Voilà notre objectif. Le Code du travail tout seul ne suffit pas. Ce sont l’ensemble des chantiers avec la formation, l’apprentissage, l’augmentation du pouvoir d’achat et la réforme de l’assurance chômage qui vont donner la dynamique et créer un cadre plus favorable pour que les entreprises créent des emplois. Nous allons rénover profondément notre modèle social. Mais tout cela va s’opérer de façon juste et équilibrée.
Le gouvernement s’est-il fixé un objectif chiffré de baisse du chômage, et à quelle échéance ?
Nous avons fixé un calendrier rapide de réformes. Les autres réformes structurelles, nous allons les engager dès la fin du mois de septembre pour les adopter lors de la session parlementaire du printemps 2018, pour que cela transforme au plus vite le quotidien des 18 millions de salariés, des 3 millions d’entreprises et des 2,6 millions de chômeurs qui attendent ces effets.
Emmanuel Macron avait pourtant évoqué le taux de 7,5 % de taux de chômage...
Oui, d’ici la fin du quinquennat. C’est une perspective ambitieuse et atteignable. Mais fixer un objectif et croire qu’avec une seule mesure on va y parvenir, c’est un débat dans lequel je ne veux pas qu’on s’enferme.
[...]
Le manque de flexibilité n’est-il pas un faux débat ? Le réel problème n’est-il pas le coût du travail ?
Beaucoup de choses ont été faites pour répondre à ce problème et nous allons continuer. Le CICE va être transformé en baisse de charges. Aujourd’hui, nous sommes arrivés au même niveau de coût du travail que l’Allemagne. La France ne sera pas un pays du travail low-cost. Ce n’est pas la vocation de notre pays, ni l’attente des Français. Notre ambition est de faire de la France un pays d’innovation et de création de valeur et d’emplois.
[...]
La réforme ne donne-t-elle pas du grain à moudre à ceux qui accusent le gouvernement de défendre les gagnants de la mondialisation ?
Le propre des idéologies, c’est qu’elles fonctionnent en boucle. Elles n’ont pas besoin de se nourrir du réel. Regardez les ordonnances, le projet est juste et équilibré. La mondialisation, c’est une chance et un risque. Il ne faut pas n’importe quelle mondialisation ni n’importe quelle Europe. Il faut qu’il y ait une concurrence juste et que les droits sociaux soient garantis, comme par exemple ce que nous voulons pour les travailleurs détachés. La France doit s’appuyer sur l’Europe, mais il faut une Europe plus convergente socialement et fiscalement. Il faut une Europe qui protège, mais sans dresser de murailles.
Vous attendez-vous à une rentrée sociale « chaude » ?
Je n’ai pas de boule de cristal. Ce qui m’intéresse le plus, c’est la rentrée dans les entreprises. Est-ce que le dialogue social va se renforcer assez vite ? Pour le reste, on a la chance d’être dans une démocratie, chacun s’exprime comme il veut et sous la forme qu’il veut.