Pendant l’été, la Commission européenne a préparé le terrain pour rendre caduque sa propre interdiction de certains produits phytosanitaires toxiques. Le « protocole » dérogatoire, élaboré au nom de « la santé des plantes » par l’Autorité européenne de sécurité des aliments, concerne les herbicides, mais fongicides et insecticides ne sont pas en reste.
Glufosinate, flumioxazin... Ces herbicides, encore sur le marché, devaient être interdits en vertu du règlement de 2009 sur les pesticides. Devaient ! Car, à la demande de la Commission européenne, il semblerait que ces substances actives, reconnues toxiques par les mêmes instances, soient réhabilitées très prochainement en cas de « danger grave pour la santé des plantes ».
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), « qui ne ferme jamais ses bureaux pendant l’été », précise-t-elle à Reporterre, a publié un communiqué le 1er juillet. Ou plutôt un « protocole » qui vise à mettre en œuvre une dérogation pour ces herbicides sur le point d’être rayés de la carte. Autrement dit à les autoriser à nouveau.
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Cette volte-face est rendue possible grâce à l’article 4.7 du règlement N°1107/2009 du Parlement et du Conseil européens sur les « critères d’approbation des substances actives ». Ce 7e paragraphe prévoit en effet des exceptions à l’utilisation de produits dangereux « lorsque, sur la base d’éléments de preuve documentés inclus dans la demande, une substance active est nécessaire pour contrôler un danger phytosanitaire grave qui ne peut être maîtrisé par d’autres moyens disponibles, y compris par des méthodes non chimiques ».
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Selon Hans Muilerman, de PAN Europe, ce « protocole » des herbicides démontre une fois de plus que cette demande « n’est fondée ni sur des faits ni sur la science » : « Nous avons envoyé plusieurs lettres au commissaire Andriukaitis [chargé de la santé et de la sécurité alimentaire] sur le sujet et avons reçu des réponses sans contenu. Les Verts lui ont aussi posé des questions au début de l’année et il devient clair que c’était une décision politique d’inclure les herbicides dans la dérogation. » Reporterre a eu accès à ces deux documents, virtuoses de litanies en références réglementaires, qui ne cessent de renvoyer à la réponse précédente, ne nomment pas le problème et ne répondent jamais à la question.
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Bayer/Monsanto : des pesticides aux OGM, la fusion de tous les dangers
Le chimiste allemand Bayer a annoncé ce mercredi son intention d’absorber le controversé champion américain des OGM, Monsanto. Un mariage qui, s’il était validé par les autorités de la concurrence, donnerait naissance à un mastodonte des produits agricoles, au risque d’écraser un peu plus les agriculteurs. Sans compter les risques sanitaires et environnementaux…
C’est un mariage colossal qui, s’il se concrétise, aura des retombées planétaires… jusque dans nos assiettes. Le chimiste allemand Bayer a signé ce mercredi 14 septembre un accord pour racheter l’américain Monsanto, roi des pesticides et des semences OGM. Un projet de fusion à 66 milliards de dollars (59 milliards d’euros) qui fait déjà tousser dans le monde agricole, où l’on craint une mainmise mondiale du nouveau géant sur toute la chaîne agroalimentaire.
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Un futur empire des semences et pesticides
Une complémentarité vantée par les deux fiancés, qui mettent en avant sur leur expertise pour répondre au problème de la faim dans le monde, appelée à s’aggraver avec l’explosion de la démographie. Bayer exalte ainsi une approche « qui intègre systématiquement une expertise portant notamment sur les semences, les traitements et la protection des cultures incluant les biotechnologies, avec un engagement fort pour l’innovation et les pratiques agricoles durables ».
Mais les motifs humanitaires avancés par les futurs époux ne sauraient escamoter le résultat de leur fusion : une domination renforcée sur l’agroalimentaire mondial. Une fois unis, Bayer et Monsanto pourraient tenir plus d’un quart du marché planétaire des semences et pesticides. Leur futur empire s’étendrait sur quasiment tous les continents : alors que Bayer est surtout présent en Europe et en Asie, Monsanto tient fermement les marchés nord et sud-américains. De quoi faire craindre aux agriculteurs de se retrouver pris à la gorge par ce fournisseur géant. En France, la Confédération paysanne redoute ainsi « la mise sous dépendance des paysans qui n’auront plus d’autres choix que d’acheter les produits de ce nouveau monstre ». Et d’ajouter : « L’avenir de l’agriculture passera par l’autonomie des paysans, pas par la dépendance aux multinationales ! »
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