L’information peut surprendre tant la Chine est plutôt réticente à intervenir militairement loin de son environnement immédiat… Mais li l’on en croit le ministre irakien des Affaires étrangères, Ibrahim Jafari, Pékin aurait proposé à Bagdad de se joindre à la campagne de frappes aériennes contre les jihadistes de l’État islamique. Toutefois, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a exclu toute participation à la coalition emmenée par les États-Unis.
Selon le Financial Times, cette proposition a été faite en septembre dernier, à l’occasion de la réunion antiterroriste des Nations Unies. Et les propos de M. Jabari n’ont été ni infirmés, ni confirmés par le ministère chinois de la Défense, qui a refusé de faire le moindre commentaire.
À y regarder de près, cette proposition chinoise n’est pas aussi surprenante qu’elle en a l’air. Depuis quelques années, la Chine ne s’interdit plus de participer à des opérations militaires lointaines. Et cela s’explique par la nécessaire défense de ses intérêts. C’est ainsi qu’elle a envoyé sa marine dans l’océan Indien pour lutter contre les pirates somaliens ou qu’elle a déployé des casques bleus au Mali (elle y est quelques intérêts) ou au Sud-Soudan, où la China National Petroleum Corporation (CNPC) exploite dans plusieurs champs pétroliers.
S’agissant de l’Irak, la Chine y a décroché quelques contrats substantiels. Par exemple, la CMEC y construit des centrales électriques. Et, comme au Sud-Soudan, elle y exploite du pétrole. Beaucoup même : près de la moitié de la production irakienne. Et cela, sans avoir eu à dépenser le moindre yuan et à risquer la vie d’un seul de ses soldats, les États-Unis ayant fait le travail, si l’on peut dire. « On s’est fait avoir », avait même commenté, il y a un et demi, un ex-responsable de l’administration de George W. Bush, dans les colonnes du New York Times).
Bref, si l’EI n’est pas défait, Pékin craint de perdre quelques milliards de dollars dans cette histoire. Ce qui motiverait la proposition d’aide militaire faite à Badgad. Une autre raison serait la présence de 300 combattants chinois dans les rangs de l’EI. Cette estimation a récemment été donnée par le Global Post, un journal dépendant du Quotidien du peuple, l’organe officiel du Parti communiste. Cela est de nature à inquiéter Pékin, déjà aux prises avec des tensions avec la population musulmane Ouighour du Xinjiang.
Cela étant, cette dernière a été faite il y a maintenant 3 mois… Et jusqu’à présent, l’on n’a pas entendu parler d’un quelconque raid chinois contre l’EI. Le porte-parole de la diplomatie chinoise, Hong Lei, a refusé de dire s’il était question de frappes aériennes ou de missiles. Mais, a-t-il dit, « la Chine lutte contre le terrorisme et nous apportons une assistance à l’Irak, y compris à la région kurde, à notre manière. Et nous continuerons à la faire, du mieux que nous le pourrons ».