Ce vendredi, après trente ans passés en prison pour avoir espionné pour le compte d’Israël, le Juif américain Jonathan Pollard, 61 ans, un petit homme au large front dégarni devenu une icône de la droite israélienne, sortira de sa cellule de la prison fédérale de Butner, en Caroline du Nord, pour retrouver sa liberté. Entre les États-Unis et Israël, ce sera la fin d’une interminable saga diplomatique et d’un formidable bras de fer destiné à obtenir son élargissement.
Washington avait toujours farouchement refusé d’envisager la libération de Pollard malgré les pressions multiples de son allié israélien, jugeant le cas trop grave. Le Premier ministre actuel, Benyamin Nétanyahou, avait tenté d’inclure sa libération dans les négociations de paix avec les Palestiniens, jusqu’à leur arrêt en avril 2014. Certains experts affirment que Pollard, condamné à perpétuité, doit finalement son salut à l’accord sur le nucléaire iranien, l’Amérique ayant vu dans sa libération un moyen d’apaiser la colère d’Israël, violemment opposé au texte signé avec l’Iran. Une hypothèse démentie par la Maison-Blanche.
L’homme est assez affabulateur
C’est en 1984 que l’analyste civil du service de renseignement de la marine américaine Jonathan Pollard – obsédé depuis l’enfance par l’idée d’aider l’État juif – prend soudain contact avec l’espionnage israélien pour proposer ses services. L’homme est assez affabulateur, profil qui lui a fermé les portes de la CIA. Mais il va profiter de sa position pour faire passer à l’État juif des milliers de documents classés « secret défense » entre 1984 et fin 1985. Il en tirera un diamant pour sa femme, 10 000 dollars, puis une enveloppe mensuelle de 2 500 dollars…
Malheureusement pour lui, une enquête du FBI, réclamée par ses collaborateurs, le plonge dans la panique et le pousse à se réfugier à l’ambassade d’Israël, dont il sera refoulé par les gardes de sécurité israéliens. Pollard est lâché par les maîtres espions israéliens. Il sera cueilli par le contre-espionnage américain à sa sortie du bâtiment, jugé et condamné à la perpétuité en 1987.