La nouvelle de la mort d’Izzat Ibrahim al-Douri (photo ci-contre), chef du parti irakien Baas clandestin, et d’un front regroupant une des oppositions armées au régime sectaire de Bagdad, a fait le tour du monde.
C’était bien la 10ème fois que les États-Unis ou le gouvernement irakien annonçait sa mort depuis 2003. La moindre des prudences aurait été d’attendre les résultats de l’analyse ADN qui allait être effectuée par des « conseillers » américains, le parti Baas jordanien a démenti l’information, suivi par Khodair al-Morshidi – porte-parole du Baas irakien – puis par Salah al-Mukhtar, ambassadeur d’Irak en Inde puis au Vietnam sous Saddam Hussein.
L’homme roux abattu par la milice chiite Asaïb Ahl al-Haq (la Ligue des Vertueux) dans le djebel Hamrin – près de Tikrit – n’était donc pas l’insaisissable « As de Trèfle » du jeu de carte de Donald Rumsfeld.
Fin mars dernier, une agence de presse irakienne qu’Izzat Ibrahim avait été blessé lors d’un bombardement américain et qu’il était soigné dans un hôpital à Qatar. Quelques jours plus tard, Izzat Ibrahim prononçait un discours audio retransmis sur Internet pour célébrer le 8 avril, date anniversaire de la fondation du parti Baas sans que les médias signalent cette intervention.
C’est bien la première fois que les médias dominants en Occident font autant de tapage sur l’existence et le rôle d’Izzat Ibrahim dans la résistance irakienne. Jusqu’ici l’ordre était plutôt donné de les minimiser ou carrément de les taire.
J’en sais quelque chose, puisque j’ai été le seul européen à l’interviewer fin février 2014 et que ses réponses n’ont pour ainsi dire pas été reprises par les médias. Curieux, n’est-ce-pas, alors que le chef du parti Baas irakien - et des Hommes de la Naqshbandiyya - est présenté aujourd’hui comme le « cerveau de l’État islamique »…