« Assailli de critiques, le groupe Hachette a finalement décidé vendredi d’annuler la publication des mémoires du réalisateur new-yorkais Woody Allen, accusé d’avoir abusé sexuellement de sa fille adoptive Dylan Farrow lorsqu’elle avait sept ans, ce qu’il a toujours démenti.
Le livre, censé retracer en détail la vie professionnelle et personnelle du cinéaste de 84 ans, auteur de dizaines de longs-métrages dont les légendaires Manhattan et Annie Hall, devait être publié le 7 avril aux États-Unis par une filiale de Hachette, Grand Central Publishing. » (20 Minutes)
Rappel : la fille adoptive de Woody Allen, Dylan Farrow, a accusé son père d’agression sexuelle dans cette vidéo diffusée par la chaîne CBS en janvier 2018... Pour ceux qui ne connaissent pas bien le dossier, le réalisateur juif new-yorkais s’est remarié avec sa fille adoptive Soon Yi, qu’il présente sans complexes comme une « femme-enfant ».
Naturellement, l’annonce d’Hachette – qui fait suite à une manif de dizaines d’employés de la filiale new-yorkaise du groupe d’édition – a provoqué une levée de boucliers dans une certaine catégorie de personnel du milieu culturel, ainsi que des applaudissements chez les adeptes de Me Too. Mais sur Twitter, on va vu beaucoup plus de messages de soutien de l’élite... au réalisateur qui aime les petites filles, et la sienne avant tout.
Une dizaine d’employés manifestent ? Ronan Farrow, le plus sévère contempteur de son père, menace de publier ailleurs ? Hachette renonce aux mémoires de Woody Allen. « Qui sera muselé au prochain coup ? » s’inquiète l’écrivain Stephen King. https://t.co/Oo4Mc7b0z1
— Raphaelle Bacqué (@RaphaelleBacque) March 7, 2020
Des criminels publient leurs mémoires, des individus recherchés paradent à la tv. Mais sur une accusation non prouvée, un homme jamais condamné ni poursuivi voit son livre censuré par 1 tribunal populaire anonyme, sans même avoir été entendu.
C’est normal ? https://t.co/gAKo5kI3oL— Claude Weill (@WeillClaude) March 7, 2020
Contre qui puis-je manifester, moi, lecteur, dont on nie le droit à lire les mémoires de Woody Allen ? Quel tribunal me rendra justice contre les censeurs et les apeurés ? Quelle autorité considèrera que je suis capable de lire Monsieur Farrow, sa soeur Dylan, et aussi leur père ?
— claude askolovitch (@askolovitchC) March 7, 2020
Donc en 2020, on s’apprête à republier Mein Kampf d’Hitler, mais on renonce à publier les mémoires de Woody Allen.
— Léa Salamé (@LeaSalame) March 7, 2020
Tant qu’il y aura des defenseurs de la liberté.
Mais quelle époque sinistre. #WoodyAllen https://t.co/95eg5gTMkv— Anne Rosencher (@ARosencher) March 7, 2020
Ce qui est intéressant, c’est que ceux qui hurlent contre la censure qui s’exerce contre Woody Allen sont globalement les mêmes qui applaudissent la censure contre Alain Soral ou Dieudonné. Il y a donc la bonne et la mauvaise censure, n’est-ce pas ?
Malgré le tri des messages négatifs (pour la dominance culturelle mondialiste) effectué par les algorithmes de Twitter, certaines choses arrivent à passer les barrages, comme ce petit rappel factuel :
Woody Allen, accusé d'abus sexuels par sa fille adoptive Dylan (soutenue par Ronan Farrow fils de Mia Farrow > actrice principal de Rosemary's Baby). Ronan Farrow est à l'origine de l'affaire Weinstein ! Woody Allen comme Polanski sont des parasites quand Ronan est l'insecticide. pic.twitter.com/g0tmezyxaj
— PROM (@hedonistication) March 7, 2020
Le tsunami qui a secoué Hollywood avec les affaires Weinstein et Epstein a frappé la France et les César de plein fouet le 28 février 2020, lors de la soirée historique de révolte des femmes devant l’impunité des grands violeurs du cinéma. On sait tous que les petits violeurs finissent en taule (voir chez nous, et encore, pas longtemps) ou lynchés (voir en Angleterre où parfois les listes de pédophiles sortis de taule sont publiques), mais les grands, ça met beaucoup plus de temps à tomber. Quand ça tombe.
Pour comparaison, et là on sort du cadre criminel, celui du viol, le couple Balkany a mis, si l’on ose dire, plus de 30 ans à perdre la mairie de Levallois (c’est acté ce samedi 7 mars 2020), malgré leur incroyable enrichissement qui correspond nullement à une rémunération de maire et de maire-adjoint.
Que ce soit chez nous ou aux USA, la justice a le bras lourd avec les petits, mais elle a du mal à juger les grands. Moralité ? Quitte à être un salopard, mieux vaut être un grand qu’un petit salopard. La preuve en images avec cette vidéo qui date de janvier 2019 :
« Les arrestations de Gilets jaunes, "c’est un record dans le cadre d’un mouvement social. Entre le 17 novembre et le 17 décembre [2019], il y a eu plus de 4 570 personnes gardées à vue dans toute la France : 1 567 à Paris et 3 003 ailleurs. Parmi elles, 3 747 ont donné lieu à une réponse pénale. En un mois, 697 personnes ont été jugées en comparution immédiate. Des chiffres records qui s’expliquent par la durée du mouvement : sept semaines". »
La censure est toujours une mauvaise chose, une preuve de faiblesse, surtout en prétendue démocratie. Pour paraphraser Sarkozy lors du procès de Charlie Hebdo contre les organisations islamistes (il parlait alors de blasphème et non de censure), on préfère un excès de liberté à un excès de censure. Kontre Kulture est là pour dire les choses que les autres ne disent pas ou n’osent pas dire.