Belle mobilisation des militants antimondialisation et antiaustérité pour l’inauguration du nouveau siège de la Banque centrale européenne de Francfort le 18 mars. En face, belle mobilisation policière — pardon, des « forces de l’ordre » — également.
Nous lisons et entendons souvent que la crise actuelle et le chômage de masse seraient dûs au néolibéralisme et aggravés par l’austérité. Suit en général un discours comme quoi tout irait mieux avec « plus de » : plus de réglementations, plus de régulations, plus de fonctionnaires pour les élaborer et veiller à leur application, plus de protectionnisme, plus de déficits, plus de dépenses publiques… Les étatistes de droite et de gauche comme les militants antimondialisation sont tous d’accord. C’est ce qu’on appelle un consensus.
Dans néolibéralisme, on entend « néo », qui veut dire nouveau et « libéralisme » que Wikipédia définit comme « une doctrine de philosophie politique qui affirme la liberté comme principe politique suprême ainsi que son corollaire de responsabilité individuelle, et revendique la limitation du pouvoir du souverain ».
On voit mal comment, en France, l’organisation économique actuelle peut être qualifiée de libéralisme avec un État qui accapare déjà 58 % du PIB national, ce qui limite la liberté du secteur privé ; simultanément, ce dirigisme se défausse de sa responsabilité au nom du principe « responsable mais pas coupable ». Quant au préfixe « néo », il suppose que nous ayons déjà connu une période de libéralisme. Force est de constater que les idées d’Alexis de Tocqueville, Benjamin Constant, Germaine de Staël, Frédéric Bastiat, etc. restèrent lettre morte en France. Il est vrai que nul n’est prophète en son pays…
Où est le vrai libéralisme, dans tout ça ?
En réalité, l’expression « néolibéralisme » est apparue en 1844 pour désigner un compromis confus entre le « laissez-faire » libéral et le planisme ou le dirigisme socialiste. Sa définition est floue. Comme tous les bâtards, le néolibéralisme a du mal à s’imposer. Comme tous les compromis, il ne mobilise pas une foule ardente de militants.
Le néolibéralisme d’aujourd’hui désigne une sorte de capitalisme de copinage qui s’appuie sur la dérèglementation financière pour subventionner l’irresponsabilité. Où est le libéralisme lorsque les banques qui ont un privilège de création monétaire sont trop grosses pour faire faillite ? Où est le libéralisme lorsque les députés s’auto-amnistient comme en 1989 ? Où est le libéralisme lorsqu’un gouvernement fait adopter des lois, non pour protéger ses citoyens, mais ses argentiers ? Comme en décembre 2013 avec une loi hâtivement élaborée pour couvrir les banques et notamment Dexia des effets délétères des emprunts toxiques aux collectivités locales. Où est le libéralisme lorsque la Banque centrale européenne emploie 1 500 fonctionnaires pour réguler la monnaie ? Où est le libéralisme lorsque cette même Banque centrale européenne se livre à des manipulations monétaires dont le but est de tricher sur les taux d’intérêt ?
Le néolibéralisme — comme l’austérité — est une farce. À force de dévoyer les mots, de restreindre les libertés et de refuser les responsabilités, on prive les Français de débat. Ainsi, à leur menu politique, ils n’ont plus le choix qu’entre un international-socialisme de droite ou de gauche ou bien du national-socialisme. Le véritable libéralisme, lui, ne figure plus à la carte depuis belle lurette. Pas assez engraissant pour les élus, probablement.