Tout a besoin d’une tare, d’un point aveugle, d’un degré zéro à partir duquel on peut composer une échelle de valeurs. McDo pour la gastronomie. Anna Gavalda pour la littérature. - 273,15° pour le froid. Et François Bégaudeau (photo ci-contre) pour l’éducation.
La fabrique de l’audace
L’inoubliable auteur d’Entre les murs, interprète de son propre rôle dans le film qui en a été tiré, ex-enseignant aujourd’hui en disponibilité, qui se répand de temps en temps en articles alimentaires et en livres insipides, vient d’égaler son propre record de nuisance avec une interview dans les Échos où il préconise sans complexes "une mesure très pragmatique, la suppression de l’école obligatoire, et son remplacement par un service d’éducation non obligatoire à partir de l’âge de huit ans. Jusqu’à cet âge, l’école a la vertu de soulager les femmes... Mais elle n’est pas une fabrique d’audace : elle est davantage faite pour discipliner que pour faire bouger les codes et créer des gens audacieux".
Seule l’instruction est obligatoire
Reprenons point par point. Primo, l’école n’est pas obligatoire : c’est l’instruction qui l’est. Moult parents font la classe eux-mêmes et, parmi eux, il en est des compétents, des fumistes et des illuminés, que des inspecteurs de l’Éducation nationale visitent régulièrement, tombant, au gré des cambrousses où certains se sont exilés, sur des pédagogues efficaces, des babas spécialistes du fromage de chèvre ou des membres de sectes folkloriques.
Quant à l’idée de la commencer vers huit ans, et encore sur le mode du volontariat, c’est sûr que ça facilitera la réduction de ces 18 % d’illettrés - chiffre en légère augmentation ces dernières années - qui entrent en sixième. Sans doute sera-t-il plus commode de ne pas les y faire entrer. Ils auront ainsi plus d’audace... Qui sait ? Ils en deviendront peut-être aussi intelligents que Bégaudeau.