Le 14 juin 1985, sous François Mitterrand (et le chancelier Kohl), le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Catherine Lalumière, signe les accords de Schengen « pour » la France. Rappel : Schengen équivaut alors à la suppression des frontières entre l’Allemagne, le Benelux, et la France. Invitée sur Arte (le 9 juin 2015) pour les 30 ans de cette signature historique – aux conséquences inimaginables à l’époque –, la responsable européiste a du mal à trouver des arguments en faveur de cette décision.
De la part d’une hiérarque européenne, on s’attendait à un argumentaire mieux cimenté. Le sien ne résiste pas aux faits. Pourtant, elle défend le bilan d l’UE. La nouveauté, c’est que l’animatrice de l’émission ne lâche pas le morceau. Chose inhabituelle sur la chaîne franco-allemande, qui nous a habitués à un européisme assez extrême (c’est sa raison d’être politique). Entre deux questions sournoises, elle lance des reportages sur les conséquences néfastes des accords : destructions sociales, déséquilibres dus aux migrations dans les pays signataires d’Europe de l’Est, montée des résistances populistes. Un tableau en tous points négatifs pour l’oligarchie européenne.
Par exemple, la plupart des jeunes médecins bulgares cherchent à émigrer en Allemagne, rendant la situation sanitaire nationale dramatique. Même saignée de la vitalité économique chez les Roumains (trois millions de partants depuis 1989), les Polonais (un actif sur dix a quitté le pays pour l’Ouest), et les Lettons, chez qui 25% de la population est partie depuis 2004 ! On est en droit de se demander si les partisans de l’UE sont des inconscients ou des cyniques, si cette Union est faite pour détruire ou protéger les nations qui la composent.
« J’ai horreur des murs, qu’ils soient le mur de Berlin, le mur de Chypre, ou quelconque autre mur »
L’émission franchit la ligne rouge bien-pensante quand elle s’attaque au trafic de statut des migrants, devenus spécialistes de ce « travail indépendant » [1] qui permet un dumping social dont profitent les entrepreneurs des pays d’accueil, mais qui crée un chômage inquiétant chez les autochtones. Les migrants savent aussi transformer le soi-disant « tourisme social » [2] en séjour clandestin longue durée, sans oublier le détournement des allocations, devenu un sport « national » chez les migrants. On dirait littéralement un reportage du Front national ! Ce sont les habitants des États dits riches de l’UE qui payent le prix fort de cette immigration (intra et extra-européenne) en cohésion nationale et en prestations sociales. Dernière illustration en date : les smartphones qui équipent les migrants de Calais et d’ailleurs, dont les contribuables financent, souvent sans le savoir, les forfaits.
« Rétablir des contrôles systématiques aux frontières, en 2015, ce serait une régression considérable »
Le paradoxe, c’est qu’une personne aussi formatée intellectuellement que Catherine Lalumière n’a pas pu décider toute seule de ce changement politique profond. Elle n’a même pas pu l’imaginer. Elle est donc le dindon de la farce, si on peut appeler ça une farce. Explication. Lalumière appartient au Mouvement européen, ou Mouvement européen international (cherchez l’erreur), lobby européiste et masque des intérêts américains sur le Vieux Continent : ces derniers ont financé discrètement le lancement du MEI après la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement rassemble « les hommes, les femmes et les associations qui souhaitent s’engager en faveur de la construction européenne dans une perspective fédérale », autrement dit intéressés par la destruction des nations membres.
En 1992, avec Jean-Robert Ragache, Grand Maître du Grand orient de France, Alexandre Adler, Yvette Roudy et Olivier Stirn (pour la plupart francs-maçons), elle a participé au lancement d’une association paramaçonnique, Cadmos International (Centre européen de promotion et de cohésion sociale), un « outil de contrôle et de défense, dont l’action consistera à promouvoir et faire appliquer les droits sociaux aux citoyens ». (Encyclopédie politique d’Emmanuel Ratier, tome II, Facta, 2005)
Lalumière a été nommée par un certain Laurent Fabius à son poste européen en 1984. Tout cela sent l’ingénierie à la loi Gayssot, avec un ministre-écran qui prend sur lui une décision historique pour le pays, aux conséquences aussi lointaines qu’incalculables, au profit d’une entité supérieure aux intérêts contraires à ceux de la nation dans laquelle elle évolue. La loi Gayssot n’est qu’une loi Fabius, et la « loi » Schengen est aussi une loi Fabius. Aujourd’hui, cet ennemi objectif de l’État français a pris sa retraite, après avoir précipité notre pays dans la guerre syrienne, avec les dommages collatéraux que tout le monde peut voir : des flots de sang sur notre sol. Décidément, du sang contaminé (1980-1990) à Gayssot (1990), en passant par Schengen (1985), il y a une cohérence. On ne se refait pas.
- L’européiste Catherine Lalumière débat avec un politologue européiste qui est d’accord avec elle
Les nouvelles Migrations, Arte, 9 juin 2015
L’animatrice Andrea Fies : « Catherine Lalumière, il y a 30 ans… c’est vous qui avez signé les accords de Schengen pour la France. Aujourd’hui, au lieu de rapprocher les Européens, on a l’impression que la libre circulation risque de diviser l’Union, entre l’est et l’ouest, le nord et le sud, les riches et les pauvres, qu’est-ce que ça vous inspire ? »
Catherine Lalumière : « Je crois que globalement la libre circulation dont le principe remonte au traité de Rome… Schengen a simplement supprimé les contrôles systématiques aux frontières. Maintenant les contrôles aléatoires de la part de la douane, de la part de la police quand ils veulent, bon. Mais donc l’objet de Schengen est important, en pratique, mais sur les principes, ça remonte au Traité de Rome. Mais votre question est donc sur le principe et la mise en œuvre de Schengen… Je crois que globalement les conséquences sont très, très, très positives, parce que cette libre circulation c’est celle dont bénéficie euh, tout la jeunesse, les programmes Erasmus et autres, c’est fondé là-dessus. S’il n’y avait pas cette liberté de circulation avec des formalités réduites aux frontières, enfin on passe librement la frontière, s’il n’y avait pas ça, si on avait des files d’attente épouvantables freinant la mobilité, mais quelle régression ! Ce serait vraiment une régression. Vous savez, une des raisons pour lesquelles Schengen a été signé, en 85, avec le soutien très fort du chancelier Kohl et de François Mitterrand, qui étaient très très motivés, c’est que nous avions déjà un engorgement aux frontières intérieures de ce qui était la Communauté à l’époque, qui freinait la réalisation du Marché commun. Donc il faut voir les questions pratiques. Et rétablir des contrôles systématiques aux frontières, en 2015, ce serait une régression considérable. »
- Nombre de demandes d’asile par pays et par an
Andrea Fies : « Oui c’est tout à fait juste certainement, mais aujourd’hui il y a d’autres conséquences auxquelles nous sommes confrontés. Ce n’est pas seulement la perspective de trouver un emploi qui attire les migrants c’est aussi l’État providence dans les pays riches, on parle de tourisme social, de profiteurs, mais qu’en est-il au juste, qui a droit à quoi et dans quel pays d’Europe ? »
Suit un reportage meurtrier sur les « travailleurs indépendants », pour lesquels une simple adresse postale suffit à justifier leur activité et toucher des prestations sociales dans le pays de l’UE qui les accueille. Le off : « Certains déclarent une fausse activité indépendante pour détourner des prestations sociales. […] En Allemagne une famille de 5 personnes peut ainsi toucher 2 000 euros par mois ; en Roumanie la même famille touchera 150 euros mensuels mais en échange de travaux d’intérêt général. »
Catherine Lalumière réagit à la phrase de Rocard sur la « misère du monde » : « Je pense que Michel Rocard avait raison, mais euh ça ne signifie pas que l’Europe euh, chaque pays d’Europe, euh dit être insensible aux raisons pour lesquelles les gens cherchent à venir chez nous. Et je ne souhaite pas du tout que l’Europe mette au panier les valeurs sur lesquelles elle s’est construite après la Seconde Guerre mondiale qui étaient des valeurs de respect des droits de l’homme, de solidarité, de démocratie, nous avions des ambitions très grandes alors. C’est vrai qu’aujourd’hui quand on voit ces flots d’immigrés qui quittent des pays pauvres, très pauvres, trop pauvres, mais aussi des pays en guerre, dans les motifs d’immigration y a pas que des motifs économiques ! »
Après un reportage sur l’immigration africaine, Lalumière abat sa dernière carte : « J’ai horreur des murs, qu’ils soient le mur de Berlin, le mur de Chypre, ou quelconque autre mur, c’est peut-être une solution, mais de désespoir, et parce que, on a n’a rien trouvé de mieux. Donc je déteste les murs, et nous avons, nous les Européens, la responsabilité, oui, de, nous ne pouvons pas accueillir tout le monde c’est vrai, mais il faut que les moyens dissuasifs que l’on va employer respectent nos valeurs fondamentales. »
Comme l’émission d’Arte n’est plus en ligne, malgré le fait qu’il s’agisse d’une télévision publique financée par nos soins, nous vous proposons deux interventions de Lalumière sur sa vision de l’Europe.
« Pourquoi j’aime l’Europe ? »
Discours de Catherine Lalumière devant les étudiants de l’ESCP (Sup de co Paris), mis en ligne le 2 janvier 2014 :
Le 10 juin 2015, elle répondait à cette interview pour L’Incisif, échange de questions-réponses bien-pensantes sur fond de mensonge (avec l’argument de la Shoah à 7’08) :
« Ce n’est pas de moins d’Europe dont nous avons besoin, c’est de plus d’Europe ! »
Campée sur son discours droit-de-lhommiste complètement hors-sol, à l’époque des grandes invasions programmées destructrices des avancées sociales, du terrorisme sur le sol franco-allemand (sans oublier la Belgique), de l’entrée en guerre de la Turquie (en Syrie) aux portes de l’Union, après les guerres de Yougoslavie (1991-1999) et pendant la guerre d’Ukraine, après l’affaiblissement de l’État grec par l’oligarchie bancaire, qui permet de contrôler le migroduc et tenir en respect les grands pays européens d’accueil, après la dévoration de son Hinterland historique par la (nouvelle) Grande Allemagne, au moment de l’explosion du chômage européen, et notamment des jeunes, Lalumière continue de nous parler de « valeurs », pour plus que la « barbarie » se reproduise. On a tous bien compris : le danger, c’est la nation, le populisme, le manque d’Europe, et l’Europe est synonyme de démocratie. La lobbyiste poursuit inlassablement, imperturbablement, contre tous les faits, son conte pour enfants.
Alors, Catherine Lalumière, complice cynique ou « idiote » utile de l’affaiblissement des nations européennes en général, et de la France en particulier ? À vous de juger.
L’UE, outil du mondialisme, lire chez Kontre Kulture