L’armée libanaise a mis en garde vendredi contre un complot visant à entraîner le Liban dans une guerre absurde après la multiplication des violences liées au conflit en Syrie voisine, avertissant qu’elle recourrait à la force pour y mettre fin.
"Le commandement de l’armée (...) appelle les citoyens à se méfier des complots visant à faire revenir le Liban en arrière et à l’entraîner dans une guerre absurde", a-t-il indiqué dans un communiqué, prévenant qu’il répondrait aux armes par les armes.
"Le commandement de l’armée a tenté au cours des derniers mois d’oeuvrer avec fermeté, détermination et patience pour empêcher le Liban de se transformer en un champ de bataille pour les conflits régionaux et éviter le transfert des événements syriens dans ce pays", poursuit le communiqué militaire.
"Mais ces derniers jours, certains groupes semblent déterminés à créer des tensions au niveau de la sécurité (...) sur fond de divisions politiques au Liban concernant les développements militaires en Syrie", ajoute le texte, sans désigner explicitement l’une ou l’autre partie.
Le Liban est profondément divisé entre d’une part un camp farouchement hostile à Damas et appuyant la rébellion, et d’autre part un camp partisan du régime syrien de Bachar al-Assad et mené par le Hezbollah chiite, qui participe aux combats en Syrie.
"L’armée appelle les citoyens à exprimer leurs opinions politiques concernant les évènements au Liban ou en Syrie par des moyens pacifiques et démocratiques et à ne pas être entraîné derrière des groupes qui veulent utiliser la violence comme moyen pour parvenir à leurs fins".
"L’armée répondra aux armes par les armes et n’épargnera aucun effort pour éviter que des innocents payent le prix de plans politiques qui veulent la destruction du Liban".
Il s’agit du communiqué le plus ferme depuis le début de la révolte en Syrie il y a plus deux ans, alors que de nombreux incidents frontaliers entre le Liban et son grand voisin, ainsi qu’entre Libanais pro- et anti-Assad, ont fait craindre un débordement de la crise.
Le communiqué a été publié au lendemain de trois attaques contre des soldats libanais dans le nord et l’est du Liban et plus d’une semaine après que trois militaires ont été tués par des hommes armés à la frontière.
Jeudi, l’armée a été la cible de tirs à Tripoli, deuxième ville du Liban, alors qu’elle saisissait des stocks d’armes dans les deux quartiers rivaux de Bab el-Tebbaneh (sunnite, comme la plupart des rebelles syriens) et Jabal Mohsen (alaouite, branche du chiisme à laquelle appartient le président Assad).
Ces quartiers s’affrontent régulièrement sur fond du conflit syrien, au prix de dizaines de morts, l’armée se déployant à chaque fois pour tenter d’imposer un cessez-le feu.
Mercredi soir, deux hommes armés, dont un Syrien, ont été tués dans des échanges de tirs avec l’armée libanaise à l’entrée de la localité d’Aarsal dans l’est du Liban près de la frontière syrienne, selon l’armée.
Aarsal est une localité sunnite appuyant la rébellion et servant de point de passage, selon des sources de sécurité, pour les réfugiés, les armes et les rebelles entre Liban et Syrie.
La tension politique est à son comble au Liban en raison de l’implication du Hezbollah dans les combats en Syrie, où il a joué un rôle déterminant pour la reprise de Qousseir, fief rebelle depuis plus d’un an.
Le Liban a connu une guerre civile dévastatrice de 1975 à 1900 et une tutelle syrienne de 30 ans imposée par le régime du clan Assad.