Un hôpital, un hôtel (cercle militaire), des cabines spéciales pour les bases militaires dans le Sud, un réseau de fibre optique tout au long des frontières… Tout semble indiquer que l’Armée nationale populaire (ANP) a engagé un processus de déploiement durable, voire permanent dans la partie méridional du pays. Plusieurs dizaines de milliers de soldats seront déployés dans cette région située à proximité de pays instables : le Mali, le Niger et la Libye.
Des infrastructures gigantesques
Illustration de cette option : l’ANP va construire un hôtel 4 étoiles de haut standing à Tamanrasset. Le nouveau cercle militaire de l’Armée sera construit sur une superficie de 38 000 m². Il aura pour vocation d’héberger les officiers supérieurs et les délégations chargées de la sécurisation des frontières. De même que les officiers supérieurs des pays voisins impliqués dans la lutte contre le terrorisme. Le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc), une structure de coopération militaire qui regroupe les principaux pays du Sahel (Niger, Mali, Mauritanie) dans la lutte contre le terrorisme, est également basé à Tamanrasset.
Un hôpital militaire est également prévu dans la même ville. Une manière de régler le problème de l’éloignement et l’indisponibilité des infrastructures de soin dans la région. Peu de détails ont filtré sur l’envergure de cet établissement, mais il servira également à prendre en charge la population locale, en plus des soldats stationnés dans la région. Une manière de renforcer ou de (re)gagner la proximité avec les citoyens.
Les soldats bénéficieront également de bases de vie nouvelles. En témoigne la commande de 18 000 cabines spécifiques, adaptées aux températures extrêmes du Sahara algérien, auprès d’une société privée algérienne. Actuellement en fabrication, ces constructions en préfabriqué sont destinées aux bases militaires dans le Sud du pays, notamment à Tamanrasset. À terme, plus de 100 000 militaires devraient être envoyés dans le Sud du pays.
Par ailleurs, l’armée vient d’achever l’installation d’un vaste réseau de fibre optique le long des bandes frontalières du pays. Ceci est un prélude à la mise en place d’un système de surveillance électronique des frontières. Prévu de longue date, ce système technologique avancé devrait se concrétiser. Il participera à la sécurisation des frontières et contribuera à lutter contre les différentes menaces.
Multiplication des menaces : protéger les frontières
Face à la multiplication des menaces, l’ANP semble vouloir opérer un repositionnement stratégique et résolu vers le Sud du pays. La Libye voisine sombre dans le chaos, laissant des stocks d’armes quasi inépuisables sans contrôle. Le territoire libyen s’est transformé en base de repli pour les groupes terroristes d’Al Qaïda et de Daech (État islamique). Une menace sérieuse sur la sécurité du pays.
Le Mali, au sud, est également une source d’inquiétude pour l’ANP. Bien que l’Algérie ait contribué à apaiser la situation grâce à l’accord d’Alger signé entre les rebelles Touareg et le gouvernement central, le calme est tout de même précaire.
Enfin, l’ampleur de la contrebande est également au centre des préoccupations de l’État algérien et de son armée. Le carburant, les denrées alimentaires, la drogue et les armes sont autant de produits qui circulent entre les frontières poreuses des pays de la région, faisant peser une menace sur l’économie et la sécurité de l’Algérie.