Le 14 janvier, une semaine après l’attentat de Charlie Hebdo, deux jeunes graffeurs ont tagué le portrait de Dieudonné, l’humoriste controversé jugé le 4 février dernier pour apologie du terrorisme. Un portrait ambigu sur le mur latéral d’un poste de transformation haute tension, situé près du tribunal de Cambrai.
Interpellé lors des faits, les deux Cambrésiens, âgés de 24 et 31 ans, ont comparu devant le tribunal correctionnel de Cambrai ce vendredi pour dégradation.
« Je pense que l’on n’a rien dégradé. On est des artistes peintres, c’est notre métier, notre passion. On embellit les murs abandonnés. À plusieurs reprises on a été pris par des personnes de la mairie qui ne nous disaient rien. Au contraire, ils nous laissaient continuer. C’est qu’ils trouvaient cela beau. On s’approprie les murs tout gris, tout moches », explique l’un des prévenus. D’ailleurs, la mairie n’a pas souhaité porter plainte dans cette affaire. « On a fait à plusieurs reprises des demandes de murs d’expression à la mairie, mais on n’a toujours pas eu de réponse », précise le duo.
Embellir les centres sociaux ?
« Vous avez dégradé un mur qui appartient à autrui sans autorisation. Le dessin importe peu, il s’agit d’une dégradation. Vous imposez à tous vos dessins. Il y a des personnes qui n’ont pas forcément envie de voir ce genre de dessin », lance le substitut du procureur de la République, qui a requis une peine de 400 euros d’amende. « Au lieu de nous condamner à une amende, pourquoi ne pas nous mettre au service de la mairie pour embellir les centres sociaux par exemple », propose l’un des tagueurs.
Après délibération, le tribunal a prononcé une peine de 400 euros d’amende assortis du sursis à l’encontre des deux jeunes hommes. Il a en outre ordonné la confiscation des scellés, en l’occurrence les bombes de peintures.