Fondamentalement, le combat politique de Malcolm X, en faveur de la communauté afro-américaine, visait à l’élaboration d’un programme et d’une stratégie permettant de mettre fin, à long terme, au régime politique étasunien basé sur un système économique libéral, caractérisé par d’énormes différences de richesses au sein de sa population. Ces inégalités socio-économiques étant alimentées par le racisme à l’encontre de l’ensemble des « minorités non-blanches », et en priorité de la communauté afro-américaine.
Cette optique explique, d’une part, l’intérêt de Malcolm dans sa période post-NOI [Nation of Islam, NDLR] pour l’économie et la pensée socialiste, et, d’autre part, sa fidélité politique constante envers les populations les plus démunies des ghettos (les biographes de Malcolm X étant unanimes pour rappeler et souligner que cette « fidélité » n’a jamais été mise en cause par ses adversaires politiques).
Le FBI échouera ainsi dans sa tentative d’atteinte à l’image personnelle de la personne de Malcolm X et ce, en dépit du fait qu’il ait réussi à faire infiltrer un de ses agents parmi ses proches, qu’il ait mis celui-ci sur écoute téléphonique pendant près d’une dizaine d’années et qu’il ait également accumulé sur lui des fiches de renseignements de près de 6000 pages. Les « FBI files » sur Malcolm X sont d’ailleurs disponibles à la vente aux USA aujourd’hui, en 27 volumes d’une moyenne de 200 pages chacun. On pourra aussi consulter un ouvrage sorti en 2012 et donnant un aperçu général de ces fiches de renseignement : Malcolm X : the FBI Files, de Clayborne Carson, David Gallen, et Spike Lee. Conclusion
Une analyse rigoureuse de l’ « éthique » politique de Malcolm X indique que celui-ci croyait et œuvrait à long terme en faveur de l’excellence d’un système politique réellement démocratique, reposant sur des écarts mesurés de richesse au sein de sa population, une réelle fluidité dans les possibilités de mobilités sociales offertes à celle-ci, et la libre expression en son sein des différences culturelles, de façon à permettre leur interaction saine, constructive et égalitaire.
C’est ce but constant de lutte déterminée contre la pauvreté et le racisme, affectant en priorité la communauté afro-américaine, qui explique l’évolution et la richesse multidimensionnelle de la pensée de Malcolm X. Celle-ci cumule sans s’y limiter ni s’y enfermer, panafricanisme, tiers-mondisme, pouvoir noir autonome interclasse, alliance avec d’autres minorités politiques « non-blanches », spiritualité musulmane, et intérêt pour le socialisme économique : Malcolm X réfléchissait et agissait ainsi véritablement « by any means necessary [1] ».
Pour autant, cette dimension spirituelle et culturelle de Malcolm X, ne semble malheureusement avoir pu s’exprimer au travers d’aucune structure (médiatique, cultuelle, associative ou autre) importante et pérenne suite à son décès [2].