Cet article est un modèle du genre. On aurait voulu en faire une parodie, on aurait écrit la même chose. Cet article est donc une parodie de lui-même, du Spieberg larmoyant dégoulinant de moraline et de lourdeur propagandiste.
On espère juste que le petit-fils du commandant d’Auschwitz ne s’en prendra jamais verbalement ou physiquement au survivant de la Shoah, parce que là, tout sera par terre.
La pénitence est une chose, mais elle ne doit pas être éternelle, sinon c’est une dérive malsaine qui peut être manipulée de l’extérieur. Une faute doit être jugée ou pardonnée, mais elle ne doit pas donner lieu à un jugement, un culpabilité et des réparations éternelles, la justice ne prévoit pas cela.
Sinon c’est de l’escroquerie.
Voici un sujet de service public sur le grand-père de Rainer (ne ratez pas le bilan très ambigu du nazisme par Rudolf à 2’30) :
Bonus : ce que Höss a osé dire à son procès
« Je ne regrette qu’une chose : ne pas avoir consacré assez de temps à ma famille »
Le toupet de cet homme, qui a dirigé un grand camp de concentration pendant trois longues années ! On aurait pu s’attendre à ce qu’il regrette tous les morts, mais non. Il regrette de ne pas avoir consacré assez de temps à sa famille. Incorrigible nazi !
Les éditions Notes de Nuit ont sorti deux ouvrages majeurs et concomitants : L’Héritage du commandant de Rainer Höss et Le Sens d’une vie de Ben Lesser. La preuve que l’amitié transcende toutes les haines et les différences.
Ils ne sont pas de la même nationalité et pourtant ils parlent la même langue. Ils vivent à des milliers de kilomètres l’un de l’autre et pourtant ils ne se quittent jamais. Ils forment un duo inédit au monde. Une victime de la Shoah et le petit-fils du commandant d’Auschwitz. Ou vice-versa. Parce que les deux ne font qu’un. Ou presque. Ben Lesser et Rainer Höss se sont découverts sur le tard et se tiennent éloignés le moins souvent possible. Un lien hermétique aux autres les unis. Peu leur importe. Ce qu’ils veulent, c’est être écoutés, entendus. Parce que Ben et Rainer existent désormais pour tendre la main, pour transmettre. L’humanité, la tolérance, l’absence de haine. Les rencontrer relève du choc.
« Je suis le mouton noir de ma famille qui vit dans le déni et je suis fier de l’être »
Une aventure, une odyssée aux couleurs de l’espoir qui les portent partout dans le monde. Rainer Höss en est le moteur. Incontestablement. Il a endossé le rôle du petit-fils de salaud avec une carapace aussi épaisse que celle d’un crocodile. Il rit beaucoup, plaisante beaucoup. Ben coule des regards, sourit, tressaille parfois. Il a appris à connaître ce « jeune homme », de 54 ans contre ses 90 ans, à lui. Mais croyez-moi, pas un ne déraille, pas un ne lâche. Le temps presse, les deux hommes ont une mission à accomplir, le monde gronde de bruits de bottes, les mémoires s’essoufflent, les témoins disparaissent. Ils se doivent de marquer ce temps de colère et de folie, ils se doivent de faire savoir, toujours et encore.
« Je porte un fardeau, explique Rainer, pas une culpabilité de quelque chose que je n’ai pas fait. Mais une honte et je me sentirais coupable de ne pas réparer, de ne pas accomplir ce que j’ai entrepris lorsque nous nous sommes trouvés. Je suis le mouton noir de ma famille qui vit dans le déni et je suis fier de l’être. Je ne changerai pas mon nom parce que c’est ma meilleure arme. »
Et Ben d’ajouter : « Je connais beaucoup de descendants de nazis qui travaillent sur l’Holocauste mais aucun n’a ce rapport avec les victimes comme Rainer peut l’avoir avec moi. Ce n’est pas une amitié de façade ou pour les médias, notre duo est unique au monde, il doit servir d’exemple avant que ce ne soit trop tard. »
Une vie idyllique dans les flammes de l’enfer
Le secret, le tabou. Celui de Rainer pour commencer. Celui de ce grand-père, Rudolf Höss qui dirigea le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz pendant trois ans et demi. La décision d’anéantir méthodiquement les Juifs d’Europe intervint durant cette période. Rudolf Höss fut celui qui organisa l’assassinat de millions d’individus et transforma ce lieu déjà meurtrier en véritable usine à mort. De cela, jamais la famille de Rainer ne parla. « C’était comme si je vivais dans une famille d’autistes », s’exclame Rainer. Son sens de l’humour, son choix évident de la formule provocatrice font partie intégrante du personnage. Il veut qu’on l’aime comme il est, et par là-même, il semble tester son interlocuteur. Jusqu’où encaissera-t-il, cet interlocuteur ! « On ne peut pas gérer cette Histoire sans humour, impossible ! » Puis il se souvient : « Dès que je rentrais dans une pièce où se tenait ma grand-mère avec Leopold Heger, Leo, l’ancien chauffeur de mon grand-père en 1942, les discussions s’arrêtaient tout de suite ». Avec son propre père, la devise était : « On ne bouge pas, on la boucle et on ne pose pas de questions ».
« C’est lui qui m’en a dressé un portrait fabuleux lorsque j’étais enfant et pendant longtemps je l’ai cru »
De quoi ces deux-là pouvaient-ils bien parler ? De bonheur, d’amour, de temps anciens regrettés, d’héroïsme.
« Leo avait une admiration sans borne pour mon grand-père, son patron. C’est lui qui m’en a dressé un portrait fabuleux lorsque j’étais enfant et pendant longtemps je l’ai cru. Ce qui m’a toujours intrigué en revanche, c’est cette façon presque servile qu’il avait de s’adresser à ma grand-mère, comme s’il était son esclave. »
Les photos qui ponctuent l’ouvrage de Rainer Höss en attestent. Elles renvoient une vision idyllique de ce qui se passait derrière les murs, ces mêmes murs qui les abritaient tout près de ces chambres à gaz fonctionnant sans discontinuer. Avec des retombées de suie, « ces cendres des morts qui servaient d’engrais pour ce paradis fleuri ». Une piscine, un toboggan qui plonge dans l’eau nettoyée tous les jours, des enfants blonds et nus, des rires, des sourires, une vie douce et soyeuse, des chiens et des serres. En noir et blanc ou en couleur. Une impression de vertige absolue nous prend. Le bonheur aussi exista... là-bas. Heinrich Himmler en convient, lui qui rend visite à Höss, ce zélé subordonné.
La plume de Rainer devient alors douloureuse, tranchante, la mémoire retranscrite au scalpel. Extraits d’un dialogue entre son grand-père et Adolf Eichmann, chef du département de la Solution finale de la question juive :
« Comment comptez-vous procéder, demande Höss à Eichmann. Les exécutions par balles sont impossibles dans de telles proportions et, de plus, elles seraient éprouvantes pour les SS qui devraient y procéder. Ne serait-ce qu’à cause des femmes et des enfants. »
Et Eichmann de répondre : « Non, non je pense plutôt au gaz... mais cela nécessiterait trop d’aménagements, ici. »
« Parce ce que ce que Hitler a inoculé à cette époque continue à fonctionner encore aujourd’hui »
[...]
Rainer a quinze ans quand il découvre la vérité. Il fuit le domicile parental et ne reviendra que dix ans plus tard. Le choc est immense. Le grand-père pendu en 1947 et adulé à travers les contes fantasques de Leo n’est qu’un génocidaire. Comment vivre désormais entâché d’un passé dont il n’est pas responsable. Petits boulots, alcool, drogue et rédemption. Qui passera par une recherche aiguë de la vérité. Traquer les mensonges, les démonter, les confronter, assumer les fautes de l’autre pour convaincre, pour guérir. La société et lui-même. Rainer s’est rendu à Auschwitz plus d’une trentaine de fois. Il a besoin de ce lien surréaliste qui l’emprisonne à tout jamais avec ce grand-père assassin. Il sait que cela peut paraître dingue mais il a l’impression de sentir le souffle de ce dernier quand il parcourt le camp. Sa tension explose. « Je ne peux l’expliquer. »
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