L’agence d’évaluation financière américaine Standard and Poor’s (S&P) a abaissé jeudi de deux crans, après l’avoir déjà fait en janvier, la note de solvabilité financière de l’Espagne, de "A" à "BBB+", s’inquiétant de la récession qui complique ses objectifs budgétaires.
Cette décision relègue Madrid dans la catégorie des émetteurs de qualité moyenne, en mesure de faire face à leurs obligations de manière adéquate. La perspective associée à la nouvelle note de l’Espagne est "négative", ce qui signifie que l’agence envisage la possibilité d’un nouvel abaissement.
"Dans un environnement de contraction économique, et contrairement à nous prévisions précédentes, nous pensons que la trajectoire des finances publiques de l’Espagne va probablement se détériorer", écrit l’agence dans un communiqué.
Le pays, quatrième économie de la zone euro, a renoué au premier trimestre avec la récession, deux ans à peine après en être sorti, avec un produit intérieur brut (PIB) qui aurait reculé de 0,4%, selon la Banque d’Espagne.
Cela complique le strict programme budgétaire auquel il s’est engagé, promettant de réduire le déficit public de 8,51% du PIB en 2011 à 5,3% en 2012 et 3% en 2013. S&P prévoit, elle, 6,2% en 2012 puis 4,8% en 2013.
De plus, "nous percevons une probabilité croissante que l’Etat espagnol doive fournir un soutien budgétaire supplémentaire au secteur bancaire", ajoute-t-elle.
Le secteur bancaire espagnol est l’une des grandes sources d’inquiétudes des marchés, car il est fragilisé depuis l’éclatement de la bulle immobilière en 2008. Déjà mercredi le FMI avait appelé l’Espagne à aller plus loin dans l’assainissement de ses banques afin de "remédier aux faiblesses qui demeurent" malgré une grande réforme du secteur financier.
"En conséquence, nous pensons que le risque augmente de voir la dette nette du gouvernement espagnol croître encore", écrit S&P pour justifier sa décision.
La dette publique de l’Espagne, bien que très inférieure à la moyenne en zone euro, devrait bondir de plus de onze points en 2012, à 79,8% du PIB, selon le gouvernement. Elle est en hausse continue depuis le premier trimestre 2008, où elle atteignait 35,8%.
Selon l’agence, la perspective négative associée à la note prend en compte les "risques importants" qui pèsent sur la croissance économique de l’Espagne et ses comptes budgétaires, et les effets que cela devrait avoir sur la note de crédit du pays. Elle craint aussi une récession plus forte que prévu en 2012, qui pourrait ensuite se prolonger en 2013.
Cependant, "malgré les conditions économiques défavorables, nous pensons que le nouveau gouvernement (de droite, arrivé au pouvoir fin décembre, NDLR) a été volontariste et a mis en place une gamme complète de réformes structurelles qui devraient soutenir la croissance économique à long terme", conclut-elle.
Le gouvernement a notamment lancé des réformes touchant le marché du travail et le secteur bancaire.
Standard & Poor’s avait déjà abaissé la note de l’Espagne le 13 janvier, de deux crans, tandis que les deux autres grandes agences de notation, Fitch et Moody’s, ont fait de même, la première le 27 janvier et la seconde le 13 février.