Le Premier ministre slovaque a annoncé que son pays n’accepterait que des migrants chrétiens. Face à cette déclaration, la Commission européenne a réitéré le principe de non-discrimination qui est au cœur de la loi européenne.
Au vu des préférences confessionnelles de la Slovaquie, rapportées par la presse, dans le cadre du plan de l’UE pour transférer 40 000 migrants actuellement en Grèce ou en Italie, il a été demandé à la Commission de réagir.
La Slovaquie ne recevra que 100 réfugiés – des familles syriennes de religion chrétienne sélectionnées par le pays – a annoncé le Premier ministre, Robert Fico, lors d’une conférence de presse le 21 juillet.
Selon Robert Fico, la version originale du plan de l’UE prévoyait pour la Slovaquie un quota obligatoire de 1 200 migrants. Dans ce cas, le pays n’aurait pas eu son mot à dire dans la sélection des migrants, a expliqué le Premier ministre slovaque.
« Nous l’avons donc refusé et affirmé qu’un système de volontariat devait être mis en place. Dans ce cadre, alors oui, nous ferons preuve d’un certain niveau de solidarité », a conclu Robert Fico.
La proposition de la Commission ayant en effet été rejetée par les dirigeants européens, l’objectif est désormais de transférer le même nombre de migrants sur la base du volontariat, jusqu’à la fin de l’année.
« Nous avons choisi nous-mêmes [les 100 réfugiés] en Italie et en Grèce. Ces familles vont venir en Slovaquie et nous verrons si elles veulent y rester. Cent est le nombre de personnes que nous sommes prêts à accepter ; c’est notre contribution au quota des 40 000 personnes que l’UE a décidé de repartir entre les États membres », a affirmé Robert Fico.
Plus tard, dans une interview pour un journal autrichien, le Premier ministre slovaque a déclaré que son pays accueillerait 200 migrants, tout en répétant que tous devaient être chrétiens.
« Nous n’avons pas de mosquées », aurait commenté un porte-parole du ministère de l’Intérieur slovaque.
Selon le CIA World Factbook, 10 % des Syriens sont chrétiens.
Interrogée sur la déclaration de Robert Fico, Annika Breidthardt, porte-parole de la Commission, a rappelé que la Commission ne réagissait pas aux articles de presse et que l’esprit et la lettre des traités européens empêchaient toute forme de discrimination.
Hésitations du côté polonais
La Pologne a également fait parler d’elle en déclarant qu’elle ne voulait accepter que des migrants chrétiens, mais il semblerait que le pays ait changé d’avis.
En mai dernier, Ewa Kopacz, la Première ministre polonaise, aurait annoncé que son pays n’accueillerait que 60 familles chrétiennes pour commencer.
En juillet, la Pologne a toutefois accepté d’ouvrir ses portes à 2 000 migrants originaires de Syrie et d’Afrique du Nord, dans le cadre du plan de l’UE pour alléger le fardeau pesant sur l’Italie et la Grèce.
Dans le même temps, quelque 50 familles chrétiennes fuyant la Syrie sont arrivées en Pologne pour commencer une nouvelle vie.
Inquiétudes en Bulgarie
Boyko Borissov, le Premier ministre bulgare, craint quant à lui que davantage d’immigrants en Bulgarie ne perturbent l’équilibre ethnique du pays.
En Bulgarie, une part importante de la population est musulmane (Turcs de souche, Bulgares islamisés et une grande proportion de Roms). Selon le FactBook de la CIA, 59,6 % de la population bulgare sont des chrétiens orthodoxes et 7,8 % de la population est musulmane.
« La Bulgarie possède des régions où les populations sont mélangées. Nous n’avons rien contre les musulmans. Mais si d’autres musulmans arrivent de l’étranger, cela changera radicalement la démographie du pays », a déclaré le Premier ministre bulgare lors du sommet européen du 23 avril.
Les services secrets du pays auraient dit à Boyko Borissov qu’« entre un et deux millions de migrants attendent de l’autre côté ». « Si 100 000 d’entre eux arrivent en Bulgarie, nous sommes finis », a-t-il commenté.
Nombre croissant de migrants
Christian Wigand, porte-parole de la Commission, a déclaré le 19 août qu’en juillet, le nombre de migrants entrant dans les frontières de l’UE a triplé pour atteindre 100 000 personnes. De janvier à juillet, l’UE a déjà reçu plus de 400 000 demandes d’asile, contre 600 000 en 2014 pour l’année entière, a-t-il ajouté.
Le porte-parole a également déclaré qu’en septembre, dès que le Parlement aura voté, le Conseil adoptera sa décision et la relocalisation des 40 000 migrants pourra commencer.