Plus de chômeurs mais des finances un peu moins mauvaises : l’assurance chômage a annoncé jeudi tabler sur une légère amélioration de sa trésorerie, malgré 103 200 demandeurs d’emploi sans activité supplémentaires en 2014 et 60 000 en 2015.
Ces prévisions, présentées à la presse par l’Unédic, sont plus pessimistes que celles publiées en janvier, où l’organisme paritaire gérant l’assurance chômage s’attendait à 63 200 inscrits de plus dans cette catégorie pour l’année 2014.
La dégradation se poursuivrait malgré tout à un rythme ralenti par rapport à 2013, où près de 175 000 nouveaux chômeurs sans activité avaient été recensés par Pôle emploi.
Le ministre du Travail François Rebsamen, qui compte sur le pacte de responsabilité en plus de son arsenal anti-chômage (emplois d’avenir, emplois aidés, plan de formations d’urgence pour les chômeurs...), s’est fixé l’objectif de ramener le nombre de demandeurs d’emploi sans activité "le plus près possible des trois millions" vers la fin de ce quinquennat, contre 3,349 millions actuellement en métropole.
Selon l’Unédic, "l’emploi progresserait à nouveau" en 2014, "mais cela ne serait pas suffisant pour compenser le dynamisme de la population active". L’année suivante, "avec l’arrêt des entrées dans le dispositif emplois d’avenir, l’emploi total ralentirait".
Malgré cette hausse attendue du chômage, le déficit du régime d’assurance chômage devrait lui baisser à 3,7 milliards en 2014 et 3,6 milliards en 2015, contre 3,8 milliards en 2013, grâce aux nouvelles règles d’indemnisation qui doivent entrer en vigueur au 1er juillet.
L’endettement du régime devrait tout de même atteindre les niveaux historiques de 21,3 milliards à la fin de l’année et 24,9 milliards fin 2015.
109 300 chômeurs indemnisés de plus en 2014
Transcription de l’accord conclu le 22 mars par trois centrales (CFDT, FO, CFTC) et les employeurs (Medef, CGPME, UPA), la nouvelle convention d’assurance chômage doit encore être agréée par le ministère du Travail.
Deux dispositions ne seront toutefois effectives qu’au 1er octobre : le nouveau système de "droits rechargeables", qui permettra aux chômeurs indemnisés d’accumuler des droits chaque fois qu’ils retravaillent, et la réforme de l’"activité réduite", qui permet à la moitié des 2,2 millions d’allocataires de cumuler petits boulots et allocations chômage.
Selon l’Unédic, 109 300 chômeurs de plus seront indemnisés en 2014 "du fait de la conjoncture et des nouvelles mesures".
En contrepartie, afin de dégager des économies pour le régime, des efforts seront demandés à certains allocataires, notamment aux cadres touchant une importante indemnité de départ et aux intermittents du spectacle, dont le régime sera durci. "L’application de l’ensemble des nouvelles mesures de la nouvelle convention (...) conduira à une réduction du déficit estimée à 300 millions sur le 2ème semestre" 2014 et 830 millions en 2015, selon l’Unédic.
Les prévisions financières de l’Unédic sont ainsi plus optimistes que celles de janvier : 4,3 milliards de déficit et 22,1 milliards de dette étaient attendus à l’époque pour fin 2014.
"A titre de comparaison, quand on avait fait nos exercices de prévisions en janvier, à fin 2016 on était sur un niveau de dette supérieur de 4 milliards d’euros, à 32,5 milliards" contre 28,6 aujourd’hui, a relevé Jean-François Pilliard (Medef), vice-président de l’Unédic.
Pour revenir à l’équilibre du régime, le taux de chômage devrait descendre en dessous de 9,2%, contre 9,8% actuellement en métropole.
Alors que la CGT, la gauche de la gauche et les intermittents du spectacle font du lobbying contre la nouvelle convention d’assurance chômage, jugée trop défavorable aux chômeurs, François Rebsamen ne fait pas mystère de son intention d’y donner son feu vert. Ne pas l’entériner "remettrait en cause le dialogue social", a-t-il lancé mardi à l’Assemblée.