Bien que le Conseil national de transition (CNT), désormais au pouvoir à Tripoli, a demandé la poursuite des opérations militaires en Libye jusqu’à la fin de l’année, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité la fin du mandat confié à l’Otan visant à instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus du territoire libyen et à prendre les « toutes les mesures nécessaire » pour assurer la protection des populations civiles. Cette décision prendra effet le 31 octobre à 23h59, heure libyenne.
Cela étant, rien n’interdit aux nouvelles autorités libyennes de demander une aide militaire à un pays tiers ou à une organisation afin de prendre le temps de remettre sur pied ses forces de sécurité.
Quoi qu’il en soit, semaine après la mort du colonel Kadhafi, au moment de la prise de Syrte par les combattants du CNT, le compte-rendu d’activités des forces françaises engagées dans l’opération de l’Otan indique que 55 sorties aériennes ont été effectuées entre le 20 et le 27 octobre. Comme indiqué il y a quelques jours, la seule frappe aérienne qui a été effectuée a visé le convoi de l’ancien dictateur libyen.
Le dispositif français a une nouvelle fois évolué depuis le 22 octobre, date à partir de laquelle la TF 473, composée du BPC Tonnerre, de deux frégates, d’un bâtiment de soutien et d’un sous-marin nucléaire d’attaque, a quitté la zone des opérations pour rejoindre la base navale de Toulon, où elle est maintenue en alerte. Désormais, seuls sont encore engagés les 5 Rafale déployés à Sigonella, en Italie, les Mirage 2000 D/N, les Mirage F1 CR, et l’Atlantique 2 étant retournés en France. Au total, jusqu’à 4.200 militaires ont participé à l’opération Harmattan, nom donné à la participation française aux missions de l’Otan.
Cependant, tous les problèmes n’ont pas disparu avec le colonel Kadhafi. Il reste encore à régler le cas de son fils, Saïf al-Islam, qui l’objet d’informations contradictoires. La semaine passée, et selon le CNT, il aurait été blessé puis hospitalisé à Syrte. Puis, d’après le même CNT, il aurait encerclé par des combattants révolutionnaires alors qu’il se rendait au Niger. Maintenant, il serait sur le point de se rendre à la CPI.
Apparemment, Saïf al-Islam serait protégé par des Touaregs et compterait se réfugier au Niger, ou au Mali (là encore, les sources sont discordantes). D’après le quotidien Beeld, son exfiltration de libye serait assurée par des mercenaires sud-africains. Ce qui semble certain, en revanche, c’est que l’ancien chef des renseignements libyens et beau-frère du colonel Kadhafi, Abdallah al-Senoussi, est arrivé au Mali, après être passé par le Niger. C’est du moins ce qu’affirment des sources sécuritaires de ces deux pays.
L’autre problème qui concerne la Libye reste encore et toujours l’énorme quantité d’armes en circulation. Et cela a de quoi susciter la convoitise des trafiquants et alimenter plusieurs guerres sur le continent africain.
Ainsi, à 120 km au sud de Syrte, il a été découvert dans un arsenal laissé sans surveillance des dizaines de milliers de tonnes de munitions (obus de 100mm, bombes, roquettes, mortier, cartouches). Et encore, note l’ONG Human Rights Watch, « de nombreux bunkers ont déjà été largement pillés ». Et il resterait au moins deux autres sites semblables à celui-ci.
Et à Syrte même, HRW a découvert « au moins 14 caisses vides » ayant contenu « 28 missiles SA-24″, de fabrication russe. L’ONG a déploré que « des civils et des combattants anti-Kadhafi armés sont arrivés avec des pick-up pour déplacer encore plus d’armes » pendant son inspection.