À la demande des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Jordanie et au nom de la coalition menée par le régime saoudien, le Conseil de sécurité de l’ONU a pris la décision de mettre en place un embargo sur les fournitures d’armes aux rebelles houthistes et leur intime l’ordre de se retirer des régions qu’ils ont conquises.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a renouvelé sa demande de « redoubler d’efforts pour faciliter la livraison de l’aide humanitaire et l’évacuation (des civils), y compris par l’instauration de pauses humanitaires si nécessaire ».
Dans le détail, « toutes les parties » sont invitées à une « cessation rapide » des hostilités, sauf pour la coalition qui est libre de poursuivre les frappes entamées il y a trois semaines. Les cargos à destination du pays seront l’objet de fouilles afin d’éviter d’alimenter la rébellion en armes et munitions (40 millions d’armes de tous calibres sont déjà en circulation dans le pays) bien qu’il soit difficile d’imaginer que les bâtiments iraniens soient accostés sans difficultés...
Les deux acteurs majeurs de l’insurrection : Abdel Malek al-Houthi et Ahmed Ali Abdallah Saleh, fils ainé de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, sont visés par des sanctions individuelles (gel des avoirs et interdiction de voyage). Une mesure qui ne devrait pas trop inquiéter ces personnalités, qui n’ont pas prévu de quitter le pays et qui ne possèdent pas de fortune.
L’ambassadeur du Yémen Khaled Hussein Mohammed Alyamany s’est réjoui du « message clair adressé aux Houthis » et les a invités à « faire partie d’une solution[politique] au conflit », dénonçant à nouveau « l’ingérence de l’Iran dans les affaires intérieures » du Yémen, mais pas celle des nations arabes, le régime saoudien en tête.
Fort du soutien de l’organe exécutif de l’ONU, l’ambassadeur saoudien Abdallah al-Mouallimi a souligné devant la presse « le soutien sans équivoque à l’opération entreprise par les pays du Conseil de coopération du Golfe, à ses objectifs, son ampleur et ses méthodes ».
Un feu vert au bombardement du pays, qui a reçu l’approbation de 14 des 15 pays membres du Conseil de sécurité, avec pour exception notable la Russie, qui a préféré s’abstenir. L’ambassadeur russe Vitali Tchourkine a fait savoir que son pays aurait souhaité une solution moins partisane : « que l’embargo sur les armes soit total » (pour les deux acteurs du conflit). Et d’ajouter que « cette résolution ne doit pas être utilisée pour justifier une escalade du conflit. Le chaos au Yémen profite aux terroristes d’Al-Qaïda. »
À noter que sur le terrain, des combattants de tribus sunnites, hostiles aux Houthistes, se sont emparés de l’unique terminal gazier du pays, situé à Bal’haf, au large du golfe d’Aden. Les 400 militaires qui étaient chargés de sécuriser le site ont préféré déserter leur position. La compagnie Yemen LNG (contrôlée à près de 40 % par le français Total) a annoncé la suspension de « toutes ses opérations de production et d’exportation ». Les milices tribales se sont engagées à « assurer la sécurité des installations » sans préciser à quelles conditions...