En ouvrant les réunions préparatoires au 16e sommet du mouvement des Non-Alignés, Téhéran entend démontrer que les sanctions imposées par Washington n’ont pas réussi à l’isoler sur la scène internationale.
L’Iran a ouvert dimanche les réunions préparatoires au 16e sommet du mouvement des Non-Alignés.
Il entend en profiter pour démontrer que les sanctions imposées par Washington pour condamner la poursuite de ses activités nucléaires n’ont pas réussi à l’isoler sur la scène internationale.
Dans son discours d’ouverture, le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi (NDLR : photo ci-dessus) a appelé les Non-Alignés à s’opposer aux sanctions « unilatérales de certains pays » frappant l’Iran pour son programme nucléaire controversé. Il a souhaité que son pays soit soutenu dans la défense de ses « droits légitimes » face aux Occidentaux.
L’Iran est depuis 2006 sous le coup de sanctions de l’ONU, désormais doublées d’un sévère embargo financier et pétrolier occidental, pour son programme nucléaire derrière lequel la communauté internationale soupçonne un objectif militaire.
Deux poids, deux mesures
Ali Akbar Salehi a expliqué le blocage des négociations sur ce dossier par « l’approche à deux poids et deux mesures de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et d’autres entités de l’ONU ».
Il a aussi dénoncé l’assassinat de plusieurs scientifiques nucléaires iraniens depuis 2010, que Téhéran attribue aux services secrets israéliens, américains et britanniques. Il a demandé au sommet de prendre « des mesures effectives » contre ces actions terroristes.
50 chefs d’Etat attendus
Malgré les appels au boycott des Etats-Unis, 50 chefs d’Etat et de gouvernement et 80 délégations participent au sommet prévu jeudi et vendredi, selon le porte du ministère iranien des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast. Le Mouvement des Non-alignés, créé en 1961 pour contester l’hégémonie des grandes puissances, compte 120 Etats-membres.
Parmi les personnalités attendues à Téhéran figurent le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon et Mohamed Morsi, premier président égyptien reçu en Iran depuis la Révolution islamique de 1979.
Depuis la « révolution du Nil » et la démission d’Hosni Moubarak en février 2011, l’Iran chiite souhaitait un rapprochement avec Le Caire. Mais la nouvelle administration égyptienne dominée par les Frères musulmans semble moins pressée de renouer avec une puissance régionale dont l’influence inquiète les monarchies sunnites du Golfe.
« La présence du président égyptien à Téhéran va contribuer au développement des relations entre Téhéran et le Caire », s’est néanmoins félicité le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, devant la presse.
Question palestinienne et Syrie
La crise en Syrie et le conflit israélo-palestinien seront aussi au coeur de ce sommet. Devant les délégués, M. Salehi a défendu dimanche la position de la République islamique sur la question palestinienne, beaucoup plus dure que celle de la plupart des autres pays non alignés, puisque Téhéran ne reconnaît pas l’existence d’Israël et appelle régulièrement à sa disparition.
Il a réaffirmé que toute solution « juste » du problème palestinien passe par « l’opposition au régime d’occupation illégitime ». Téhéran a toutefois fait une concession à la diplomatie en n’invitant que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui reconnaît Israël, et en excluant le Hamas, qui prône une lutte sans concession contre l’Etat hébreu.
Mahmoud Abbas avait menacé de boycotter le sommet si le Hamas y était représenté. Il a assuré dimanche, sans citer l’Iran, que les Palestiniens ne laisseraient « personne déchirer (leur) unité et (leur) représentation ». « Nous devons nous débarrasser des stigmates de la division et persévérer jusqu’à ce que nous réalisions notre unité », a-t-il insisté.
Sur la Syrie, l’Iran a annoncé qu’il profiterait du sommet pour défendre sa position dans la crise, où il a pris fait et cause pour le régime de Damas. Téhéran, tenu jusqu’ici à l’écart de la plupart des efforts internationaux pour ramener la paix en Syrie, entend présenter une « proposition » pour un règlement du conflit, dont les détails n’ont pas été révélés.