Alors, l’Ikigai c’est quoi, ça sert à quoi ? Parce que si on fait faire le test Ikigai à une folle de shopping de 16 ans, elle va finir par vendre des pantalons slim au troisième étage mal éclairé d’une galerie commerciale et manger du poulet en plastique chaque midi en trouvant ça « trop génial ».
Sauf que le monde s’en fout, et que son lien avec le cosmos – ou plus prosaïquement les autres – n’est pas très évident. Pour éviter que cette quiche passe sa vie à servir à rien ni à personne, et encore moins à elle-même, il faut fournir aux enfants des raisons de vivre, ce qui n’est pas, on le voit bien, la mission première de l’école. Qu’on rappelle ici succinctement : apprendre la Shoah et devenir LGBT.
On y ingurgite des choses, parfois intéressantes, parfois utiles mais pas toujours, mais rien sur les raisons de vivre. Cela suppose un tel changement de paradigme que c’est encore inimaginable aujourd’hui. Mais quand l’école de masse qui écrase les particularités des enfants se sera effondrée sur elle-même, telle une géante rouge, alors il pourra y pousser quelque chose d’intéressant.
En attendant, chacun se débrouille pour trouver son Ikigai, c’est-à-dire son chemin de vie pas trop naze avec un minimum de pognon sans faire trop de mal aux autres. Mais tout le monde ne joue pas ce jeu.
Par exemple, un banquier qui possède des journaux a un Ikigai de merde car il produit de l’information contaminée pour les masses uniquement dans le but de nourrir son propre intérêt. Son Ikigai, disons son utilité cosmique et sa participation à la conscience collective, est terriblement déséquilibré. Tout pour lui, rien pour les autres. À lui l’or, aux autres la merde.
En revanche un militant proactif de chez E&R qui possède une grille de lecture du monde très avancée – par rapport à ses contemporains – et produit une action efficace sur le monde, en commençant par ses proches, qui gagne un peu de fric avec son activité en répandant la bonne parole autour de lui, il a toutes les chances d’avoir un Ikigai de ouf. On dit ça on dit rien.
Beaucoup d’appelés, peu d’élus
On l’aura compris, l’Ikigai c’est d’abord apprendre à se connaître, connaître ses besoins et ceux du monde, slalomer entre les tentations foireuses, trouver une voie intéressante et le plus possible personnelle, la développer en bossant avec un but (ça rend l’action efficace) et arriver à en vivre. Pas facile, mais possible. En plus de ça faire gaffe à ce qu’on bouffe, dans tous les sens du terme : pas de merdasse industrielle ni de discours progressistes frelatés.
Dernière chose : si l’Ikigai est japonais, c’est pas par hasard. On ne peut pas trouver son Ikigai en étant complètement glandeur, sauf peut-être les sages Hindous qui se font clouer l’oreille à un arbre tout en vivant de mendicité et de contemplation. Mais là encore, Ikigai moyen : c’est pas super utile pour les autres...
Ceux qui démarrent mal dans la vie – famille de merde, misère relationnelle, handicaps divers – ont une chance supérieure de trouver leur Ikigai. C’est le grand paradoxe de l’Ikigai et ça nous rappelle vaguement ce truc que promettait un drôle de type il y a deux ou trois mille ans : le Royaume des Cieux. Une philo profondément poétique mais super concrète, et vraiment révolutionnaire. Là, pour le coup, gros changement personnel et social en vue.
Venu tout droit de l’île japonaise d’Okinawa, connue pour ses nombreux centenaires et son régime diététique parmi les plus sains du monde, voici dévoilé un nouveau secret qui ne cesse de faire parler de lui : l’ikigai. Ikigai peut se traduire par « raison d’être » ou « joie de vivre ». Cette philosophie de vie, qui s’est répandue dans tout le Japon, arrive aujourd’hui en Occident. Petite présentation.
À Okinawa, un ensemble de 161 îles situées à plus de 1 300 Km de Tokyo, l’ikigai, mot valise composé d’iki 生きdésignant la vie et de kai甲斐 (prononcé gai) renvoyant au résultat, à la récompense ou au bénéfice, est ce qui motive les personnes à se lever le matin. C’est ici réellement une motivation qui permet de trouver du sens et du bonheur dans ce que l’on fait et de traverser les épreuves de la vie. Ce concept daterait de la période Heian (794-1185) mais, dans le reste du Japon, le sens est moins fort et l’ikigai a alors plus fonction de symbolique. Mais, avec l’engouement provoqué en Occident par ce terme, de plus en plus de japonais s’intéressent de nouveau au concept.
L’on remarque ainsi que l’ikigai se trouve entre l’auto-accomplissement (jiko jitsugen) et le bien commun (Ittaiken). Ainsi, dans une conférence TED de 2009, Dan Buettner incluait dans l’ikigai l’importance de la communauté avec le « Moai » ou groupe d’amis pour la vie, qui se soutient dans la joie comme dans le malheur, une personne n’est ainsi jamais isolée.
Il évoque également la transmission et le rôle familial et communautaire des centenaires de l’archipel qui pousse les japonais à pratiquer une activité physique et sociale jusqu’à un âge avancé. Enfin, le régime alimentaire de l’île, Hara Hachi Bu inventé il y a 3 000 ans par Confucius, prendre au moins ½ h pour manger et ne remplir son estomac qu’à 80 %.
Ainsi, l’ikigai d’une personne n’est pas forcément une grande chose qui va changer le monde, mais c’est une philosophie de vie qui va permettre à celui qui a trouvé son but de changer les choses à son échelle pour sa propre satisfaction et celle des autres. Le travail, d’après les sondages effectués au Japon, n’est cité comme ikigai qu’à 31 %, contrairement à ce que l’on pourrait penser ou croire en évoquant les sallary man. L’ikigai n’a d’ailleurs que rarement à voir avec la réussite financière ou sociale de quelqu’un.
En Occident, où l’on parle souvent de perte des valeurs ou des repères, l’ikigai fait sensation, et nombre d’articles proposent de retrouver la joie de vivre avec l’ikigai comme méthode magique, mais il faut faire la part du fantasme.
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Justement, cette philosophie japonaise aussi abstraite que concrète finit en technique de vente dans la bouche de non-comprenants, on pense par exemple à ce pur produit marketing du bien-être américain :
L’Ikigai, tout le monde s’y met. Chacun voit l’Ikigai à sa porte. Ici, on est moins dans la technique de vente à deux balles des années 80, on se rapproche de l’Ikigai mais c’est pas encore ça :