La 60e édition du concours Eurovision vient de se terminer et fait encore une fois la une de la presse, après avoir monopolisé les esprits, les foules et surtout d’incommensurables budgets marketing.
Je dois bien l’avouer, je fais partie des gens qui n’ont jamais regardé un seul concours Eurovision, et il y a bien des raisons à cela.
Il y a tout d’abord l’illogisme culturel qui accompagne l’Eurovision. Si le concours est organisé par l’Union européenne de radio-télévision, il est ouvert à tous les pays membres et diffuseurs, soit des pays situés en dehors de la zone européenne, par exemple dans le Pacifique ou en Afrique. Pour cette raison sans doute, la quasi-totalité des chansons sont émises en anglais, dénaturant ainsi totalement le projet, qui d’européen à la base, est devenu un projet globaliste en langue anglaise. Sur les 16 dernières années, 15 des chansons gagnantes ont été interprétées en anglais.
Il y a aussi l’aspect politique qui accompagne, et chaque année un peu plus, cet événement. 2014 a été un grand cru concernant le délire permanent qui accompagne l’Eurovision, lorsque l’artiste Conchita Wurst, travesti allemand d’origine colombienne, a emporté la victoire. Dans le même temps et depuis le début de la crise ukrainienne, les artistes russes sont hués par un public visiblement bien éduqué par le mainstream médiatique tandis qu’il n’acclame que des artistes plus médiocres les uns que les autres.
Il y a surtout l’insupportable pression médiatique et marketing qui accompagne chaque année cet événement, dénaturant ce qu’il devrait être, à savoir un moment artistique. Comme la responsable des divertissements de France 2 vient de le soulever : il se pose la question de savoir si la France doit participer l’année prochaine à ce show, dont les résultats électoraux dépendent de plus en plus des fortes accointances géographiques et culturelles entre les pays. Ces tendances lourdes sont apparues dès les années 1970 lorsque des blocs politico-musicaux ont commencé à se former, entre Scandinaves d’abord puis par exemple entre États de l’ex-bloc post-soviétique.
Hormis la France, un autre pays se demande s’il doit continuer à participer à cet événement : il s’agit de la Russie. Les huées qui accompagnent les chanteuses russes, que ce soit la ravissante Polina Gagarina [photo ci-dessus], qui d’ailleurs aime la France, ou les sœurs jumelles Tomalchevy l’année dernière, sont visiblement la goutte de trop.
Certains commentateurs ont ouvertement remis en cause la nécessité pour la Russie de participer à un événement qui promeut une « culture globale asexuée, anglophone et antinationale ». Ce ton est révélateur des grandes et novatrices scissions qui s’opèrent entre les élites russes et occidentales alors que jusqu’à présent, la Russie avait toujours présenté des artistes de la scène rock/pop traditionnelle, et non issus de la puissante scène musicale patriotique que le pays connaît pourtant, que l’on pense par exemple au duo TATU en 2003.
Quoi qu’il en soit, l’Eurovision est symptomatique du malaise qui accompagne la politique que Bruxelles mène, que ce soit à l’égard de la Russie mais aussi de l’Europe. Peut-on imaginer un concours Eurovision 2016 sans la Russie et la France, mais avec par exemple l’Australie, la Tunisie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie ? Cela montre une fois de plus que les élites européennes et l’Union européenne ne font pas l’Europe mais le mondialisme.
À quand un concours Eurovision authentique organisé par Paris et Moscou, et qui promouvrait des groupes traditionnels chantant dans leurs langues nationales ?