Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev ne veut pas qu’on s’adresse à son pays « par des diktats » mais en tant « qu’ami et partenaire », écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Ce message, prononcé à la réunion ministérielle consacrée au développement socioéconomique du pays au premier semestre 2015, était destiné à l’Occident avec qui les relations ne se construisent pas comme Bakou le souhaiterait ces derniers temps.
Cette réunion présidée par le chef de l’État s’est particulièrement distinguée des précédentes et a suscité une vive réaction de la population. En critiquant l’activité de certains ministères et compagnies publiques, le président a défini les nouveaux contours de la stratégie du pays en politique étrangère.
« L’Europe traverse une crise spirituelle et économique, ce qui pose question. Dans notre activité à venir, nous tiendrons nécessairement compte de ces facteurs. Dans quelle mesure l’Azerbaïdjan doit-il s’intégrer aux structures européennes ? Doit-il s’intégrer ou non ? Ou devons-nous réfléchir à d’autres formats de coopération ? Personnellement, j’y pense depuis quelque temps et je crois que dans les mois à venir il faut préparer de nouveaux mécanismes, formats et concepts de coopération », a déclaré le président. Par ailleurs, il a appelé les hauts fonctionnaires, les députés et les personnalités publiques à cesser de faire des déclarations selon lesquelles l’Azerbaïdjan devrait rejoindre l’Europe.
« Réfléchissez quand vous en parlez. Premièrement, vous devez connaître la position du président. Deuxièmement, avez-vous besoin de cette intégration ? A quel titre les Européens veulent-ils accepter l’Azerbaïdjan ? Comme un membre secondaire, un membre associé ou comme la cinquième roue du carrosse ? Nous n’avons pas besoin d’un tel format. Nous nous sommes intégrés là où il fallait, quand la situation en Europe était différente. Je pense que si nous devions faire un choix aujourd’hui, compte tenu de la situation actuelle, nous n’aurions probablement pas adhéré au Conseil de l’Europe. Combien de temps l’Azerbaïdjan continuera-t-il de se faire insulter ? Combien de tentatives seront encore entreprises pour nous humilier ? Notre patience a ses limites. Nous pouvons parfaitement vivre sans le Conseil de l’Europe », a déclaré Ilham Aliev. Ces derniers propos s’adressaient aux représentants politiques et députés occidentaux qui ont lancé une campagne contre l’Azerbaïdjan.
Le chef de l’État visait avant tout le président du Parlement européen Martin Schulz, son adjointe Ulrike Lunacek et d’autres collègues adoptant une position anti-azerbaïdjanaise.
À la veille des premiers Jeux européens de Bakou, Schulz et Lunacek avaient initié des auditions au Parlement européen sur une résolution concernant l’Azerbaïdjan. Cependant, ce document avait été rejeté par les députés européens, constituant un échec politique pour Schulz, Lunacek et d’autres. Mais le jour de l’ouverture des Jeux, le 12 juin, le parlement allemand a adopté une résolution interprétée par Bakou comme un document anti-azerbaïdjanais et mensonger.
Selon les observateurs du pays, le chef de l’État a voulu répéter au monde que la politique de Bakou s’appuyait sur les intérêts nationaux de l’Azerbaïdjan. Si besoin, il adhérera à d’autres unions, mais comme partenaire équitable. De ce point de vue, sur fond de campagne anti-azerbaïdjanaise de l’Occident, la volonté de Bakou de coopérer avec l’Organisation de coopération de Shanghai semble curieuse. Mais cela ne signifie pas que Bakou renoncera complètement à l’Occident. Ilham Aliev l’a clairement fait comprendre en indiquant que Bakou n’avait pas de problèmes avec les pays européens au format bilatéral.